Le problème de l'éducation de l'individu

L'éducation doit se saisir d'un problème fondamental, celui de la profonde disparité qui existe entre le niveau atteint par la civilisation occidentale industrielle d'un point de vue matériel et le ‘"’ ‘bas niveau du développement humain, qui s'est peu élevé depuis l'aube de l'humanité’ ‘"’ ‘ 460 ’ ‘.’ Cette disparité engendre un dysfonctionnement selon Maria Montessori, au sein même des relations entre les hommes. L'éducation aurait pour tâche de rétablir l'équilibre entre ces deux pôles, ‘"’ ‘l'humanité doit engager un effort commun pour renforcer la dignité de la personne humaine afin qu'elle atteigne le même niveau avancé que l'environnement créé par le travail et l'intelligence de l'homme’ ‘"’ ‘ 461 ’. L'éducation est toujours, dans la plupart des cas, conduite de façon traditionnelle, ce qui ne permet pas "l'épanouissement de la personne humaine".

Assurer la liberté individuelle sans laquelle la personne humaine ne saurait se développer pleinement vers plus d'autonomie, c'est le premier impératif que doit se fixer une éducation nouvelle. Une question se pose alors : comment concilier l'apprentissage de cette liberté avec le fonctionnement de la collectivité, de la société ? C'est, nous dit Montessori, en recherchant sa liberté que l'homme peut construire une société nouvelle, une supernature. L'échelle de l'évolution débute quand "les individus commencent à vivre leur propre vie"462.

Seuls des individus distincts ont la capacité de construire une société où la liberté offre les possibilités de croissance et de développement en termes d'amélioration ainsi que de formation de la société proprement dite. Cela est rendu possible par le jeu des interactions entre les libertés individuelles et l'environnement. L'éducation s'emploiera donc à offrir à l'enfant les moyens environnementaux nécessaires au développement de personnalités libres, assurant la formation d'une société qui pourra ainsi progresser vers plus d'humanité.

En d'autres termes, le but de Maria Montessori est le suivant : ‘"’ ‘aider l'homme intérieur à se former lui-même et non à se battre contre le monde extérieur’ ‘"’ ‘ 463 ’ ‘.’ Le risque de voir une société se développer dans le sens d'une "colonie", uniquement composée d'individualités libres est grand, dans une telle configuration, la soumission à une universalité dépersonnalisée serait l'antithèse du développement de la personnalité que souhaite Maria Montessori.

Notes
460.

- MONTESSORI, (M.), L'éducation et la paix, Paris, DDB, 1996. p. 135.

461.

- Ibid. p. 135.

462.

- Ibid. p. 137.

463.

- Ibid. p. 139.