Réconcilier l'enfant et l'adulte

Pour ceux qui veulent voir s'établir la paix, deux approches indissociables sont à considérer, d'abord les adultes doivent reconnaître la "grande injustice" universelle à l'égard des enfants ; ensuite, mettre l'accent sur la nécessité d'un progrès social qui viserait à libérer cette partie de l'humanité oubliée. Beaucoup d'hommes, nous dit Maria Montessori, souhaitent développer plus de collaboration entre les peuples afin qu'advienne un état de paix entre eux. Mais ce devrait être en premier lieu avec les enfants que les adultes devraient établir la collaboration, au sein même de la société dans laquelle ils vivent ensemble. Mais rechercher à développer plus de coopération peut être perçu comme vain si les efforts ne reposent pas sur des fondements solides.

Ces fondements, il faut les établir dans une perspective de vue universelle. Sinon le point faible réside dans le fait que les enfants ne sont pas associés à part entière dans la perspective de réalisation de ces efforts. Pour Montessori, trop souvent l'enfant est considéré comme un être faible et chétif alors que, ‘"’ ‘le Christ nous a montré ce qu'il est réellement’ ‘"’, l'enfant doit être un ‘"’ ‘guide vers le royaume des cieux, un modèle que l'adulte doit imiter pour se changer lui-même’ ‘"’ ‘ 500 ’ ‘.’

L'enfant doit être reconnu comme citoyen501 et l'éducation doit suivre deux directions complémentaires qui considèrent les deux parties de l'humanité, celle qui se forme elle‑même et celle "qui met en œuvre la formation de l'autre"502. Les actes de la vie sociale des adultes doivent trouver leurs répliques dans la vie sociale des enfants et ce, tant du point de vue matériel que du point de vue institutionnel jusques et y compris dans les "assemblées législatives de leur pays". L'enfant doit être la préoccupation de la société, dès sa naissance et même dès sa conception. En application première de ce principe, Maria Montessori propose lors de la clôture du congrès que soit créée "la fondation du parti de l'enfant"503.

Libérer les valeurs potentielles de la partie de l'humanité constituée du monde des enfants permet à tous d'améliorer le monde, c'est "le chemin qui conduit vers la paix"504. Tous les peuples de la terre ont des enfants, ceux-ci devraient constituer le pôle commun d'intérêt, un pôle universel et le but du "parti social de l'enfant" viserait à protéger la société des maux qui l'accablent et permettrait par ailleurs à toute l'humanité de travailler ensemble.

Notes
500.

- MONTESSORI, (M.), L'éducation et la paix, Paris, DDB, 1996. p. 102.

501.

- Ibid. p. 103.

502.

- Ibid. p. 104.

503.

- Vers cette même époque Célestin Freinet propose la création du "front populaire de l'enfance", qui ne verra pas le jour, en écho à la création en France du Front Populaire de 1936.

504.

- MONTESSORI, (M.), L'éducation et la paix, Paris, DDB, 1996. p. 105.