Conclusion de la deuxieme partie

En conclusion de cette seconde partie nous pouvons mettre en relief les caractéristiques du projet éducatif de Célestin Freinet. Après une enfance paysanne, confronté à la guerre et gravement blessé, Freinet reprend son métier d'instituteur au retour de la guerre, après sa convalescence. Il réagit dans son projet éducatif d'un point de vue humaniste et d'un point de vue politique.

La condamnation de l'école républicaine et sa politique revancharde, basée sur un patriotisme exacerbé, la progression des idées socialistes qui voit sa concrétisation dans la révolution bolchevique, provoquent un changement de mentalité des conceptions éducatives et pédagogiques. L'éducation est, pour Célestin Freinet, celle de l'homme avant tout et non pas celle du nationalisme. Son projet, fondé sur la confiance en la vie, est l'avènement d'un nouveau citoyen, internationaliste. Une communauté scolaire où s'expriment les libertés individuelles sera garante à terme, selon Freinet, d'une société d'hommes libres et responsables, vivant en paix.

Le mouvement de L'Education nouvelle ne sert pas la cause du prolétariat mais celle de la bourgeoisie, l'instituteur provençal s'en démarque, et c'est ainsi qu'à son initiative est créé le mouvement de l'Ecole moderne. L'école laïque française offre un cadre favorable pour initier une révolution à l'école avant de l'envisager dans la société elle-même. Mais, rien n'est jamais figé, tout est à construire toujours, la vie est la base du dynamisme et la paix en lien avec le travail constitue une pièce maîtresse sur laquelle repose son projet éducatif.

La singularité du parcours de Maria Montessori, première femme médecin dans l'Italie du XIXe siècle, l'amène après s'être consacrée aux enfants déficients placés en asile à s'intéresser aux enfants dits "normaux". L'événement majeur qui va donner l'essor à son projet éducatif à partir de ses recherches est la création en 1907 de la maison des enfants dans un quartier déshérité de Rome. Ces enfants des rues, violents, voleurs vont peu à peu s'épanouir et Montessori obtient des résultats spectaculaires qui l'encouragent. L'enfant est bon par nature, mais après avoir été brimé et contraint, se trouvant en carence d'affectivité, lorsqu'il est devenu adulte, il est déviant, violent et enclin à faire preuve d'un esprit guerrier.

Les convictions de Maria Montessori pour réintégrer les enfants exclus de la société vont prendre corps. Il s'agit alors pour elle de pacifier les comportements de ces jeunes enfants. Elle met au point sa méthode qui doit permettre à l'enfant d'exprimer librement ses potentialités, lorsqu'il n'est pas contraint par l'adulte éducateur. Un homme nouveau peut naître dès lors que la "guerre" entre l'enfant et l'adulte, lequel se doit d'être au service de l'enfant, sera abolie. L'enfant se présente ainsi comme un être nouveau, qui "normalisé", est susceptible de paix et d'harmonie. Il doit être, selon Maria Montessori, le modèle à suivre pour que l'adulte à son tour puisse créer une société de paix grâce à une connaissance nouvelle des réalités du monde et de la place qu'il y occupe dans une dimension nouvelle où s'exerce sa responsabilité.

Maria Montessori se situe avec Freinet et le mouvement de l'Education nouvelle dans le même état d'esprit face à la guerre et rêve d'une société pacifiée.