Sébastien Faure, qui dirige La Ruche pendant la Première Guerre Mondiale, va prendre position contre cette tragédie.
En décembre 1914, il rédige le manifeste : "Vers la paix. Appel aux socialistes, syndicalistes, révolutionnaires et anarchistes" où il déclare : ‘"’ ‘cette guerre nous a surpris alors que le prolétariat international n'avait point encore réalisé au-dessus des frontières une entente et une organisation assez puissante pour tuer la guerre...’ ‘"’ ‘ 667 ’ ‘.’
Sébastien Faure laisse ainsi à entendre qu'il met l'espoir de paix dans l'existence même de la communauté prolétarienne ; ‘"’ ‘allons-nous, ajoute-t-il, bénévolement et sans protestation, prêter la main à la continuation de ces horreurs... sera-t-il dit que, adversaires de la guerre en temps de paix, nous sommes devenus adversaires de la paix en temps de guerre ?’ ‘"’ ‘ 668 ’ ‘.’
Suite aux tracasseries qui touchent Sébastien Faure, à la fin du mois de février 1917, quelques mois avant la tragédie qui suivit les mutineries du printemps de la même année, La Ruche avait cessé de vivre.
Lors de l'effondrement mondial qui suit cette époque, force est de constater avec le recul, l'impuissance du mouvement solidaire devant cette guerre sans précédent.
- Cité par Roland Lewin, Op. Cit. p. 163. L'auteur indique par ailleurs que ce manifeste fut tiré à 2500 exemplaires par l'imprimerie de La Ruche et parvint ainsi jusqu'au front des combats. Sébastien Faure recevra en retour des réponses des combattants, ceci le conduira, suite à des démêlés avec la police, mais surtout après une entrevue avec le Ministre de l'Intérieur de l'époque Louis-Jean Malvy, à cesser sa propagande en faveur de la paix. C'est précisément à cause des risques de rétorsion à l'encontre de ses amis et camarades qui étaient au front que Sébastien Faure accepta de cesser momentanément son action en faveur de la paix. Cf. à ce propos le très documenté chapitre VII : Les anarchistes et la Première Guerre Mondiale de l'ouvrage de Roland Lewin.
- Ibid.