Chez Maria Montessori

En ce qui concerne l'éducatrice italienne, nous pourrions conserver le schéma heuristique précédent. Le "vrai", comme pour Célestin Freinet, se compose à l'identique du couple paix / non-guerre.

Cependant, si pour Freinet, il se créait une dynamique relationnelle liée à l'instrumentalisation pédagogique mise en place, il nous semble qu'il n'en va pas selon les mêmes modalités pour Maria Montessori.

En effet, il nous semble au contraire qu'ici, l'instrumentalisation pédagogique corresponde à un système qui se caractérise plus par le statisme lié à des procédures relativement rigides. Nous avons vu dans la classe de Célestin Freinet que pour un enfant qui ne se positionne pas immédiatement selon la relation, paix / non-guerre, le mouvement autorisait le cheminement entre les pôles permet qu'il la réintègre.

Or, dans la classe de Montessori, bien que demeure dans le couple paix / non-guerre comme étant "vrai", il ne semble pas que l'on puisse envisager une telle situation ; pour un enfant, en cas de déviance par rapport au couple "vrai", le repositionnement souhaité n'est pas médiatisé par une action pédagogique dynamique en lien aux autres enfants.

Un enfant ne réintégrera le "vrai" qu'en relation au cadre, à la structure pédagogique qui est mise en place de manière prédéterminée et qui repose essentiellement sur l'utilisation d'un matériel pédagogique ad hoc, procuré par la maîtresse dont le rôle essentiel est défini par Maria Montessori comme étant celui de préparer le milieu favorable au développement intérieur de l'enfant.

Cette fonction du maître est récurrente et clairement définie, il ‘"’ ‘reste dans son rôle de dirigeant et de guide, mais il n'est qu'un aide, un serviteur, pendant que la personnalité de l'enfant se développe par sa propre force en exerçant son activité’ ‘"’ ‘ 834 ’ ‘.’

Certes, Maria Montessori entend que dans la classe, le matériel nécessaire à l'éducation soit à l'échelle de l'enfant ; cependant il s'avère qu'une grande rigidité dans la maniement des objets soit requise, ce maniement doit être pratiqué uniquement dans le but pour lequel il a été mis en place.

Le projet éducatif et pédagogique est globalement porté par l'objectif du développement intérieur de l'enfant, c'est avant tout l'activité indépendante qui est privilégiée. L'importance du silence, sur lequel insiste très souvent l'éducatrice italienne, doit assurer selon elle l'intériorisation nécessaire à une grande concentration individuelle.

Ceci place le plus souvent l'enfant comme juxtaposé aux autres. Ainsi positionné, l'enfant ne participe pas à une tâche coopérative, la rencontre à l'autre n'est pas favorisée, ce qui occasionnerait des sources de mise en relation générant d'éventuels conflits.

Maria Montessori parle souvent de la grande satisfaction dont fait preuve l'enfant, au travers de ses manifestations de joie, à l'issue d'une tâche qu'il a effectuée seul et qu'il a réussi. Elle en conclut que c'est ainsi que l'on donne à l'enfant le sentiment de sa propre valeur. C'est en fait ici le travail de "l'esprit absorbant" qui doit avec l'éducation adéquate amener la normalisation de l'enfant.

Notes
834.

- MONTESSORI, (M.), L'enfant nouveau, in La nouvelle éducation , Paris, juin 1931.

pp. 102-110.