2.7 - Bilan

Dans le deuxième chapitre de cette thèse, nous avons exposé certaines perspectives théoriques qui seront à la base de notre travail. Tout d’abord, nous avons fait une petite introduction historique à la pragmatique en tant que science de l’usage du langage. Ensuite, nous avons présenté une version cognitiviste de la pragmatique, la Théorie de la Pertinence (Sperber & Wilson, 1986) que nous adoptons comme un de nos cadres théoriques. Nous nous sommes arrêtés sur le Principe du Rasoir d’Occam de Grice, qui permet de traiter les différents sens des prépositions sans ajouter de principe sémantique ad hoc. Ensuite, nous avons introduit l’opposition de Sperber et Wilson entre usage descriptif et usage interprétatif des énoncés. Cette opposition, comme on verra plus tard, est valable pour les différents usages de prépositions spatiales et temporelles (ainsi que pour les temps verbaux, voir Sthioul, 1998).

Ajoutons qu’une autre distinction, précieuse pour nos investigations, a été introduite : celle entre les expressions procédurales (parmi lesquelles on trouve les prépositions) et les expressions conceptuelles (Blakemore, 1987, Moeschler, 2002).

La section suivante a été consacrée à la Théorie de l’Optimalité (Prince & Smolensky, 1993) qui est une théorie générative universaliste. Les postulats de cette théorie nous aideront dans nos analyses contrastives. On montrera que l’ordonnancement de contraintes comme les forces de Marquage et de Fidélité peut expliquer les différences dans les systèmes de prépositions spatio-temporelles dans les différentes langues.

Dans la quatrième section, nous avons présenté et défendu la méthodologie que nous avons choisie pour notre thèse. Nous avons décrit les différentes étapes de notre travail (la constitution du corpus, la formulation des hypothèses, l’analyse contrastive) et nous avons expliqué pourquoi la méthode statistique ne sera pas appliquée pour traiter les données linguistiques que nous avons recueillies.

Dans la cinquième section, nous avons abordé le phénomène de la coercion ainsi que deux autres phénomènes (le liage sélectif et la co-composition) que Pustejovsky utilise pour expliquer les changements du sens des mots (Pustejovsky, 1995). Ces mécanismes génératifs s’avéreront très utiles dans nos analyses des usages non-standard des prépositions. Nous verrons néanmoins (aux chapitres 7 et 8) qu’ils ne sont pas capables de couvrir tous les cas des usages non-standard.

Enfin, dans la dernière section nous avons présenté les idées principales de la linguistique cognitive qui représente une alternative aux idées que nous défendons (notamment celle de Jackendoff) et aux analyses que nous effectuerons dans cette thèse. Nous nous sommes spécialement arrêtée sur la métaphore et sur la fusion conceptuelle. Nous essayerons dans nos analyses de voir si on peut traiter les usages non-standard des prépositions comme des cas de la métaphore et si on peut parler de la fusion conceptuelle entre le domaine-espace et le domaine-temps.

En somme, il s’ensuit que pour analyser les usages des prépositions en question, nous avons besoin des bases théoriques issues nous seulement des travaux basés sur des recherches en sémantique de l’espace (que nous présenterons au chapitre 3) et en pragmatique (telle que la Théorie de Pertinence), mais aussi des travaux basés sur les recherches en syntaxe, en sémantique (les mécanismes génératifs tels que la coercion) et en phonologie (La Théorie de l’Optimalité).

Nous allons maintenant passer à l’état de l’art des travaux sur le temps et l’espace.