3.0.a - Introduction

Dans ce troisième chapitre, nous donnerons l’état de l’art des travaux sur l’ontologie et la sémantique du temps et sur la sémantique de l’espace. Nous commençons (3.0.b) par la présentation d’une notion fondamentale pour la conceptualisation des entités spatiales et temporelles : il s’agit de l’opposition massif/comptable. Dans la première partie (3.1), après quelques notes sur la philosophie, la psychologie et la neurologie de la représentation du temps, nous présenterons la taxonomie des classes aspectuelles de Vendler (1957). Ensuite, nous définirons la notion d’aspect et nous présentons la théorie de Reichenbach (1947) dans laquelle tout temps verbal est défini par trois points sur l’axe temporel (S, R et E). Nous allons également démontrer qu’une de notions cruciales de cette théorie, à savoir l’opposition S=R versus S≠R, est valable non seulement pour le temps mais aussi pour l’espace.

Dans la deuxième partie du troisième chapitre (3.2), nous présenterons les travaux actuels les plus important sur la représentation linguistique de l’espace, à savoir les travaux de Jackendoff (1985, 1991, 1992, 1996), Herskovits (1986, 1997), Vandeloise (1986, 1992, 1995, 1999), Talmy (1983, 2000) et Levinson (1996a, 1996b, 1997, 1998, 2003). Les travaux de Jackendoff (1985, 1991, 1992, 1996) embrassent un très grand éventail de phénomènes : la relation entre ce qu’il appelle la structure conceptuelle et la représentation spatiale, le problème des cadres de référence et leur encodage dans les expressions spatiales, le sémantisme des prépositions spatiales et le problème de leur polysémie. L’œuvre d’Herskovits (1986, 1997) est notamment consacrée à la cognition de l’espace et son encodage linguistique. Les travaux de Talmy (1983, 2000)s’inscrivent dans le même courant : il analyse notre conceptualisation de l’espace et définit la notion de la figure et de l’objet référentiel, ainsi que les différentes relations entre eux. Nous présenterons aussi les travaux de Vandeloise (1986, 1992, 1995, 1999) sur ‘«’ ‘ l’espace en français ’». Vandeloise, qui défend une approche fonctionnelle, définit un certain nombre de prépositions spatiales et donne leurs règles d’usage. Enfin, nous parlerons des travaux de Levinson (1996, 1997, 1998, 2003)qui aborde le phénomène de la variation dans la cognition spatiale, variation qui a sa source, selon cet auteur, dans des différences dans les systèmes linguistiques.