3.1.4 - Les relations entre les entités temporelles

Ajoutons enfin que l’ontologie temporelle a une autre dimension : celle des relations entre les éventualités. Suivant les auteurs, on propose deux ou trois relations temporelles : la succession (figure 1), l’inclusion et le recouvrement (figure 2).

Figure 1
Figure 1
Figure 2
Figure 2

Dans le cas de la succession, l’événement E2 vient après (ou avant) l’événement E1 :

  1. Après avoir vu le film, ils sont allés se coucher.

E1= avoir vu le film ; E2 = aller se coucher

Dans le cas de l’inclusion, l’événement E2 est inclus dans l’événement E1 :

  1. Pendant que je préparais la tarte aux pommes, un œuf est tombé par terre.

E1= préparer la tarte aux pommes ; E2 = tomber par terre

Finalement, dans le cas du recouvrement, une partie de E1 recouvre E2 :

  1. Quand il a connu Tina, Fred construisait encore sa maison.

E1 = construire sa maison ; E2 = connaître Tina

Romary (1989) indique néanmoins que deux relations suffisent : l’adjacence (= succession)et l’inclusion. La première vaut entre une éventualité E1 et une éventualité E2 lorsque l’une précède l’autre ; la seconde vaut entre une éventualité E1 et une éventualité E2 lorsque l’une se produit pendant l’autre.

On peut enfin introduire une dernière catégorie ontologique relative au temps, celle de la durée ou de l’intervalle temporel, c’est-à-dire du laps de temps durant lequel se produit une éventualité. Dans cette optique, la catégorie de la durée n’est pas autonome d’un point de vue ontologique, mais elle est dépendante des différents types d’éventualités énumérés plus haut. On pourrait penser que cette dernière catégorie n’est pas nécessaire et que les catégories vendlériennes suffisent. Il y a cependant un argument important en faveur de son existence, qui est le fait que ‘«’ ‘ les inférences d’une partie d’une éventualité à une partie de sa durée ou d’une partie de sa durée à une partie de l’éventualité ne sont pas symétriques »’ (Reboul, 2000b, 11).Ainsi, si E1 et E2 sont des éventualités et si D(E1) et D(E2) sont respectivement les durées déterminées par E1 et E2, du fait que E2 est une partie de E1, on peut déduire que D(E2) est une partie de D(E1). A titre d’exemple pour :

  1. Pendant que je préparais la tarte aux pommes, un œuf est tombé par terre.

E1= préparer la tarte aux pommes ; E2 = tomber par terre

Etant donné que E2 est une partie de E1, il s’ensuit que la durée D(E2) est une partie de la durée D(E1)

Cependant, du fait que D(E2) est une partie de D(E1), on ne peut en aucun cas conclure que E2 est une partie de E1. A titre d’exemple :

  1. Pendant que j’écrivais mon article, Marvin a cassé la fenêtre.

E1= écrire l’article ; E2 = casser la fenêtre

Du fait que E2 s’est passé pendant E1, à savoir du fait que D(E2) est une partie de D(E1), on ne peut pas (heureusement) conclure que casser la fenêtre est une partie de écrire l’article.