3.1.5 - L’aspect

Etant donné que la notion d’aspect est liée à la théorie de Vendler, nous allons en parler dans cette section. Les verbes ont des particularités sémantiques diverses qui influencent leur temporalité : ces particularités sont liées à la durée de l’intervalle de temps qu’ils dénotent (leur durativité), à leur orientation vers une fin intrinsèque ou non (la télicité), à leur caractère d’état, d’événement ou d’activité (de Saussure, 2000, 57). Il s’agit là d’un aspect lexical qui est indépendant des conditions d’emploi du prédicat (par exemple, l’opposition entre : dormir et se réveiller). Parallèlement, les temps verbaux ont aussi pour fonction de dénoter les processus en tant que duratifs (pensons à l’imparfait) ou ponctuels (pensons au passé simple) : dans ce cas-là, on parle de l’aspect verbal.

Cependant, l’aspect verbal peut aussi être indépendant des temps verbaux, à savoir encodé morphologiquement (Asic, 2000). Ceci est le cas des langues slaves, qui font la distinction entre les verbes imperfectifs (atéliques) et perfectif (téliques). Ainsi, en serbe, on a des paires de verbes (perfectifs et imperfectifs), dont l’un est dérivé de l’autre morphologiquement (à l’aide de certains suffixes ou préfixes) : citati (être en train de lire) – PROcitati (avoir lu) ; otvorIti (ouvrir) – otvarAti (être en train d’ouvrir); namignUti (cligner) – namigIVAti (clignoter) ; ulAZIti (être en train d’entrer) - uCi 47 (entrer). Soulignons que, pour Comrie (1976), l’opposition perfectif/imperfectif est fondamentale pour la notion d’aspect. En effet, selon cet auteur, un événement peut être perçu dans sa globalité, son unicité, sa ponctualité ou, au contraire, dans sa durée, son inachèvement, son déroulement.

Notes
47.

Dans le dernier cas nous avons aussi un changement de racine.