5.7 - Conclusion

Dans le chapitre 5, nous avons présenté le système des prépositions spatio-temporelles en français. On le divise habituellement dans les grammaires en trois sous-systèmes : les prépositions spatiales, les prépositions spatio-temporelles et les prépositions temporelles. Notre but était d’essayer de définir le sémantisme de ces prépositions en utilisant les primitives ontologiques exposées au chapitre 4. Ces définitions devraient nous aider également dans nos analyses des usages non-standard (chapitre 7 et 8).

Nous voudrions insister sur le fait que nous trouvons la division classique des prépositions entre les prépositions spatiales et spatio-temporelles assez artificielle. A titre d’exemple, on considère la préposition devant comme spatiale et la préposition vers comme spatio-temporelle. Mais, primo, ce n’est que la situation en français moderne (nous en parlerons au chapitre 7 : cette distinction n’est ni valable pour le français classique ni pour les autres langues analysées ici) et secondo, le vrai sens temporel de vers n’existe pas : il s’agit bel et bien de l’application de l’idée du mouvement directionnel dans le domaine du temps. Donc, soit il faudra les considérer toutes les deux comme spatiales ou spatio-temporelles. Une autre chose doit être prise en considération : ces deux types de prépositions sont basés sur les relations méréotopologiques. Ceci dit, la division en question doit et va être révisée. A notre avis, les seules prépositions (il s’agit en faite des locutions prépositionnelles, telles que au fonds de, le long de etc) qui sont exclusivement spatiales sont celles dont les sémantismes reposent sur une ontologie spatiale complexe et pour lesquelles on ne peut pas imaginer des usages temporels.

Quant à la revue constrastive que l’on a présentée dans la section 5.6, elle montre : a) qu’il n’y a pas de différences majeures dans le sous-système des prépositions spatio-temporelles à travers les langues – parmi les langues examinées, il n’y en a aucune qui ait des prépositions exclusivement spatiales et exclusivement temporelles sans la possibilité d’avoir les prépositions qui fonctionnent dans les deux domaines et b) que les variations existantes peuvent être expliquées par la Théorie de l’Optimalité. Dans un certain domaine, la force de fidélité a (selon la langue) plus ou moins de pouvoir sur la force de marquage.