6.3. - Une solution

6.3.1 - Quelques exemples supplémentaires

Pour résoudre notre problème, venons-en à un autre type de phrases en serbe où l’on retrouve l’opposition po/na. En effet, comme on l’a déjà vu, na est utilisé avec des verbes spatialement statiques pour exprimer le repos sur une surface, tandis que po est utilisé avec des verbes spatialement dynamiques pour exprimer le mouvement horizontal (ou, autrement dit, le contact dynamique avec la surface) sur la même surface :

  1. Lopta lezi natepihu.

Ballon est posé sur tapis.

Le ballon est posé sur le tapis.

  1. Lopta se kotrlja potepihu.

Ballon se roule sur tapis.

Le ballon roule sur le tapis.

Comparons maintenant ces exemples avec des exemples où l’on a, respectivement, un objet discret  et une substance continue :

  1. Solja kafe je na stolu.

Tasse café est sur table

Une tasse de café est sur la table.

  1. Kafa je svuda po stolu.

Café est partout sur table

Le café est partout sur la table.

Ces exemples suggèrent qu’il y a une proximité entre :

  • la trace horizontale (considéré comme non bornée) laissée par l’objet engagé dans un processus spatialement dynamique (par exemple le ballon est sale) et par la substance continue (le café) ; dans les deux cas, po est employé ;
  • la trace bornée (considérée comme un point) laissé par l’objet qui est dans un processus spatialement statique et l’objet discret (la tasse de café) ; dans les deux cas, na est employé.

Selon nous, le primitif conceptuel qui lie les représentations en question est le bornage : dans le premier cas, on considère que la trace laissée par l’activité dynamique est continue (comme la substance — le café) et par conséquent, non-bornée. Dans le deuxième cas, on considère que la trace laissée par l’activité statique est bornée (comme les objets discrets). Il semble bien que, dans notre esprit, le mouvement soit associé à l’absence de borne et le repos à leur existence.