7.1.1.3 - Pendant spatial : un cas de coercion ?

Rappelons que Pustojevsky (1995) explique que la coercion existe dans le cas des prépositions before et after mais non dans le cas de during 148 . Dans leur article Godard & Jayez (1993) montrent que la situation est pareille en français : avant et après coercent leurs argumentsmais pendant ne peut pas le faire 149 .

Cependant, nous avons déjà montré qu’avec pendant et durant, la coercion n’est possible qu’avec des compléments ni spatiaux ni temporels (efforts, rumeurs) et que cela se justifie par la nature des qualia de ces lexèmes : nous pensons surtout à l’aspect télique et agentif des qualia 150 (on propage les rumeurs — on fait des efforts). Qu’en est-il des compléments temporels ? Dans ce cas, avons-nous aussi un cas de coercion ?

Notre réponse est négative. Pour que l’on puisse parler de coercion, il faut que le complément de pendant soit élevé au statut de prédicat. Cela signifierait que dans courir pendant trois kilomètres la phrase nominale peut être paraphrasée comme un syntagme verbal : pendant que trois kilomètres passent. Or une telle interprétation nous paraît possible mais véritablement superflue. Autrement dit, ici nous n’avons pas un changement de type mais juste l’interprétation temporelle d’une entité spatiale.

Notes
148.

Par exemple, *I will call you during my next student/coffee (Je vais t’appeler pendant mon étudiant/café prochain).

149.

Nous reproduisons ici leur exemple : *Pendant son martini, Jean a aperçu Marie.

150.

Cf. chapitre 2.