Avant d’aborder les usages temporels de la préposition on, disons quelques mots sur ses emplois spatiaux. On le trouve dans tous les cas canoniques où on a sur en français (the book is on the table = le livre est sur la table), mais aussi dans le cas où la préposition à sémantisme vide à est employée : Hanging on the wall (pendu au mur), on the ceiling (au plafond). De plus, on est utilisé pour désigner la direction : on the right / left (à droite/gauche), march on London (marche vers Londres).
Notons aussi l’opposition entre on et over qui est l’opposition discret/continu. En effet, si la cible est une substance continue qui s’étale sur une superficie, la préposition over est employée 164 :
La tasse est sur la table.
Le café est renversé partout sur la table.
Passons aux usages temporels. On ne trouve pas d’isomorphisme avec le français. En effet, dans les cas où en français la préposition sur est employé temporellement, on trouve d’autres prépositions en anglais. Nous donnons les exemples en français et leurs équivalents en anglais :
He is about to leave.
At that moment she forgot her name.
Now I have to leave you.
Over a period of three months.
Quant à la préposition on, elle est habituellement employée avec des sites temporels qui ont une durée d’un jour. Observons quelques exemples et leurs équivalents en français :
Il est venu Dimanche.
Le jour où je suis arrivé il s’est mis à neiger.
Ce jour-là il est arrivé à Paris.
Le lendemain il est venu chez nous.
Par une belle journée d’été je me promenais dans le jardin…
A son anniversaire je chanterai une chanson pour lui.
A la mort de sa mère il quitta le pays.
Quand je suis entrée dans la chambre ils se sont levés.
Visiblement, on + site temporel correspond à différents types de structure en français : sans préposition, à, par ou une subordonnée temporelle. Il faut quand même souligner que, dans la majorité des cas, on est traduit soit par l’absence de préposition, soit par la préposition à sémantisme vide à.
Ce qui est important, c’est que si on regarde bien la nature du site, on voit qu’il s’agit d’une période bornée et relativement courte : un jour de la semaine ou une journée désignée par un événement, ou tout simplement une journée sur laquelle on pointe (seulement lorsque un démonstratif est employé). Mais, dans les deux derniers exemples, il s’agit de deux événements dont la durée n’est qu’un instant (mourir, entrer). Qui plus est, dans ces cas plutôt marqués, on indique la postériorité (après). Comment cela est-ce possible ? Rappelons que dans le cas de dès on a la relation méréotopologique de contact qui est comprise comme la postériorité immédiate et que la même chose vaut pour sur temporel en français (le contact sur l’axe temporel est obligatoirement la relation antériorité-postériorité). En ce sens, sur est proche de après.
Pourquoi on est-il utilisé avec des termes temporels et quelle est sa fonction ? Pour exprimer la concomitance, il est en opposition avec deux autres prépositions : in et at (préposition à sémantisme vide). Normalement, on dit que in est employé pour des périodes étendues, par exemple, in summer, in 1956, in the last century, in the last decade et at avec des moments brefs : at 5 o’clock, at midnight, at a time like this 165 .
Mais la règle n’est pas si simple, car on dit in the evening (dans la soirée), quoique la soirée soit une période plus courte que la journée (dont elle n’est qu’une partie). A notre avis, la fonction de cette opposition (entre on, in et at) est non seulement de :
La différence entre, d’un côté, in, et de l’autre, at et on est que avec le premier on entre dans la période en question (in incarne l’aspect duratif), tandis que les deux autres ne marquent que la concomitance de l’événement (la cible) avec le site temporel : il n’y a qu’un contact entre les deux (on et at incarnent l’aspect ponctuel 166 ). C’est en accord avec les usages spatiaux des prépositions en contact : in pour le containement, on pour le contact, at pour la localisation.
Ajoutons aussi que si on veut insister sur la durativité on emploie la préposition during (pendant) :
Pendant l’été il faisait tant de choses inutiles.
Dans le cadre de la Théorie de l’Optimalité, on dirait que la force de Fidélité pousse le système linguistique à expliciter ces différences : au lieu d’avoir toujours une seule préposition, on en a trois différentes. Or, il serait trop coûteux d’inventer des nouvelles prépositions : c’est pourquoi des prépositions déjà existantes dans le domaine spatial reçoivent ce rôle. Ceci dit, dans ce cas, on a un équilibre entre les deux forces : si la force de marquage gagnait complètement, on n’aurait qu’une seule préposition dans tous les cas ; si le système linguistique ne se conformait qu’à la force de fidélité (exprimer les contrastes de toute sorte à tout prix), on aurait des prépositions dont la fonction ne serait que de marquer ces relations temporelles. Bien évidemment, cette tendance aurait pour conséquence un nombre incontrôlable de prépositions très spécialisées.
Quant à l’usage temporel de under, il est encore plus restreint que celui de sous en français. En effet, on le trouve uniquement si la période temporelle est marquée par le gouvernement et le pouvoir de quelqu’un : under the Tudors, under Queen Elisabeth. L’expression isomorphe à sous peu n’existe pas (*under little). On a en fait in a short time (comparable à dans deux jours, dans un instant). Donc, l’anglais n’a pas besoin de marquer avec une autre préposition le fait que le temps dans le complément n’est pas explicité.
Cf. chapitre 6.
On le traduit en français par dans un tel instant.
On a expliqué au chapitre 3 que les temps verbaux ont aussi pour fonction de dénoter les processus comme duratifs (pensons à l’imparfait) ou ponctuels (pensons au passé simple) : dans ce cas-là, on parle d’aspect verbal.