7.3.2 - L’usage interprétatif de dans

Nous avons répété déjà à plusieurs reprise que la préposition dans a, dans ce type d’usage, une composante déictique. Toute préposition ayant ce trait peut avoir des usages interprétatifs (Sperber & Wilson, 1986). En effet, dans le cas de l’usage interprétatif, chez les prépositions comme chez les temps verbaux, on ne réfère plus au moment de la parole (S), mais à un autre moment différent de S. Il s’ensuit que si le présent peut être employé pour désigner le passé ou le futur 186 , dans peut aussi l’être. Observons l’exemple suivant :

  1. Il part dans trois jours.

Il est clair que, dans ce cas, le présent est employé interprétativement (il dénote le futur), mais qu’en est-il de dans ? La réponse est négative, car il nous situe à un moment qui est trois jours après le ‘«’ ‘ vrai »’ S. Donc, dans yest employé descriptivement. L’usage interprétatif de dans existe quand même et il est analogue à l’usage interprétatif de maintenant, que l’on trouve toujours avec les phrases au passé :

  1. Il devenait de plus en plus évident pour Maurice, que sa femme tenait à percer un mystère autrement intéressant pour elle que celui dont il s’efforçait maintenant de la préoccuper. (Le Notaire de Chantilly, Léon Gozlan)

Nous pouvons maintenant imaginer un usage de dans de même type :

  1. Dans trois semaines, elle allait rejoindre son ami. Valérie s’en réjouissait beaucoup.

Manifestement, on a ici un cas de ce qu’on appelle la focalisation interne 187 (Genette, 1972) et dans trois semaines doit être calculé à partir d’un S’ situé dans le passé, au moment de la réflexion (du monologue intérieur) du personnage en question (Valérie).

Notes
186.

Par exemple : Un jour j’entre dans ma chambre et je vois une fée endormie sur mon lit. ou J’arrive demain.

187.

Dans sa théorie narratologique, G. Genette (1972) fait la distinction entre les récits non-focalisés et focalisés, qui peuvent avoir une focalisation interne ou externe. Grosso modo, dans le récit non-focalisé, le narrateur en dit plus que n’en sait aucun personnage, dans le cas de la focalisation interne, le narrateur adopte le point de vue d’un personnage de l’histoire, tandis que dans le cas de la focalisation externe, le narrateur en dit moins que n’en sait aucun personnage.