Voici, d’après les dictionnaires et les grammaires, ses usages principaux :
Voici les exemples de son usage spatial et temporel tirés du corpus :
A notre avis, l’usage spatial de par est lié à son usage moyen-manière. Les compléments introduits avec par ne servent souvent pas seulement à localiser le passage mais aussi (comme en (16)) à décrire le type de passage, les conditions (les phénomènes naturels ; voir le chapitre 6) dans lesquelles il s’est effectué. L’usage temporel de par est sans aucun doute lié à cela. Comme on le voit dans les exemples, le complément de par temporel est toujours (obligatoirement) suivi d’épithètes 192 . Donc, on ne situe pas seulement l’éventualité dans un site temporel mais, en décrivant ce site, on donne aussi les circonstances dans lesquelles elle s’effectue. On peut ici très facilement faire le parallèle avec les différents usages des prépositions po et na en serbe, prépositions auxquelles nous avons consacré le chapitre 6. Comme nous l’avons montré, po et na sont employés non seulement avec des sites spatiaux mais aussi avec des phénomènes naturels qui ont une durée temporelle.
Notons que dans son usage temporel par joue les deux rôles de na et de po en serbe. C’est évident si l’on observe les verbes employés dans les exemples ci-dessus, i.e. se trouver, mourir, repartir ((21) est une phrase adverbiale avec voici) : on voit que ce ne sont pas tous des verbes spatialement dynamiques et ils ne donnent pas toujours l’idée de passage, laquelle est par ailleurs présente dans par spatial.
Une autre question surgit ici : quel trait primitif (spatio-temporel) de par rend-t-il ces usages possibles ? Nous pensons qu’il s’agit du trait contact qui doit exister dans tous ces cas ; de plus, dans l’usage temporel de par, on aperçoit obligatoirement le trait dynamique-directionnalité :il s’agit toujours de la cible en mouvement. La même chose vaut pour la préposition serbe po.
Nous allons terminer l’analyse de par en mettant en relief encore une chose : il semble que dans certains cas on peut se passer de cette préposition. Nous reproduisons l’exemple (22) cette fois sans par :
Comme on l’a vu jusqu’à présent, si on rend une structure linguistique plus complexe, c’est pour créer des effets supplémentaires. Ici, il s’agit d’un effet qu’on peut décrire comme rendre une entité temporelle plus physique, moins abstraite. Plus précisément, avec par le complément temporel devient plus palpable, il cesse d’être une entité purement temporelle et devient un phénomène naturel qui agit sur l’homme physiquement ou psychologiquement. C’est cette capacité de décrire les conditions physiques/atmosphériques dans lesquelles s’effectuent les processus (et non dans le sens de passage) qui unit par spatial et par temporel. Répétons-le encore une fois, le trait de contact est obligatoire dans les deux cas.
D’où l’effet poétique qu’on sent dans ces phrases.