Pour une histoire des marges urbaines

Toutefois, si les banlieues peuvent être l'un des objets du sujet, elles n'en sont pas le seul. Certes, l'histoire construite dans cette thèse se situe sur un territoire que tous nomment banlieue ou commune suburbaine. Partir de cette dénomination donnée par les contemporains et se focaliser sur la vie quotidienne "en banlieue" risque de réduire les marges urbaines au décor d'une pièce de théâtre dont les acteurs seraient les habitants. Et, bien que cet axe ait une certaine importance, ce regard ne nous dit rien d'autre qu'une nouvelle monographie de commune de la banlieue parisienne, dont les guides de recherches ou les catalogues d'histoire locale regorgent. Il convenait alors de changer de regard, et de croiser deux types d'histoires : une histoire sociale urbaine qui se propose de rechercher les spécificités – ou au contraire les permanences – du quotidien en banlieue, et une histoire des élites qui cherche à comprendre quelle est cette banlieue dont les premiers magistrats acceptent de prendre la charge. En ce sens, la ville des élites locales est bien une histoire sociale des représentations ou une histoire des pratiques urbaines, que celles-ci soient culturelles, sociales ou politiques.

Ce projet n'est pas sans lien avec les avancées historiographiques fondamentales de l'histoire des villes comme de l'histoire sociale. Il s'agit finalement de participer à l'écriture collective d'une nouvelle histoire urbaine, et cette recherche s'inscrit logiquement dans un champ historiographique complexe mais précis.