Les sources utilisées

L'entrée dans le monde urbain de la proche banlieue parisienne transforme les paysages locaux, renversant parfois la place de l'espace non bâti. Mais certaines permanences continuent d'exister : s'il y a transformation, il n'y a pas à proprement parler de rupture brutale. Certaines inflexions peuvent se lire à travers l'analyse comparée des recensements disponibles. La croissance démographique de l'ensemble des communes choisies, l'évolution des rythmes de cette croissance peuvent être confrontées à une étude sociale plus poussée. Or, les registres nominaux des recensements ne nous sont parvenus que de manière inégale. Les collections départementales ne sont complètes qu'à partir de 1891. Auparavant persistent quelques registres épars, mais les archives départementales n'ont pas gardé de registre plus ancien pour les 4 communes qui nous intéressent. D'autre part, si les résultats généraux des recensements sont toujours publiés dans la Statistique Générale de la France, ce n'est pas le cas de résultats à l'échelle communale pour la Seine-banlieue. Les publications du service de Statistique de la Ville de Paris et du département de la Seine, très utiles, ne forment pas toujours une source cohérente. Ainsi, il faut attendre le recensement de 1891 pour voir paraître des résultats détaillés par commune de banlieue dans les Résultats statistiques du dénombrement […] pour la Ville de Paris et le département de la Seine ¹⁴⁰ . L'Annuaire statistique de la Ville de Paris et du département de la Seine centre les résultats sur Paris et ses quartiers. Là encore, les séries ne sont pas toujours continues : si on dispose de chiffres pour l'origine des habitants de la banlieue en 1891, avec un classement par département de naissance, il n'y a pas de détail communal. Par contre, en 1891 comme en 1896, certains renseignements des fiches individuelles de dénombrement sont exploités au niveau communal : c'est le cas des structures par âge et par état civil, de la composition des ménages, des professions ou du confort des maisons.

J'ai complété l'utilisation de cette source imprimée, riche mais peu étendue dans le temps, par une analyse statistique des listes nominales de recensement pour les communes du territoire en 1891 et en 1911, afin de déceler les évolutions du peuplement ¹⁴¹ . J'ai raisonné en terme de ménages et effectué un sondage au 1/20e pour les communes de plus de 10 000 habitants (Vanves et Malakoff) et un sondage au 1/10e pour Bagneux, dont la population communale est plus réduite. Le recensement de 1911 est le plus complet, il donne la commune de naissance pour tous les habitants, ce que ne renseigne pas celui de 1891. J'ai complété les informations, lorsque le besoin se faisait sentir, par une vérification sur les listes électorales conservées aux Archives Départementales.

Le corpus ainsi constitué posait tout de même le problème de l'évolution avant les années 1890. Puisqu'il n'y avait aucun recensement de disponible et que les résultats conservés dans les diverses bibliothèques ne peuvent pas être traitées au niveau communal, j'ai pris le parti de focaliser mon attention sur l'activité économique de ces communes, en dépouillant de manière systématique le Bottin du Commerce de 1860 à 1914, tous les 5 ans pour me conformer aux dates des recensements ¹⁴² . J'ai ainsi une photographie des types d'activités présents dans chaque commune, et non pas de l'emploi occupé par les habitants. Pour la période 1891-1911, la comparaison entre les deux sources s'avère fructueuse.