Cette population de migrants de proximité, venus de Paris ou d'autres communes de banlieue, est dans l'ensemble un peu plus jeune que la population totale. Cet écart s'accentue pour les femmes : les femmes nées à Paris ont un âge moyen de 25,4 ans, alors que l'âge moyen de la population féminine vivant dans les trois communes en 1911 est de 30,4 ans 203 . Pour toutes les communes étudiées, les écarts sont plus prononcés pour les Parisiens que pour les migrants venus d'une autre commune de la Seine. Afin d'éliminer l'importance des enfants dans la population totale, il semble pertinent de ne comparer que la population adulte 204 . Ainsi, l'écart d'âge moyen est globalement confirmé, mais dans des proportions nettement plus faibles. Sur l'ensemble de l'effectif, les Parisiens n'ont plus que 3 années d'écart par rapport à l'âge moyen, écart un peu plus prononcé pour les femmes que pour les hommes. Si ces Parisiennes restent les plus jeunes, les hommes nés localement ont une moyenne d'âge plus basse que l'ensemble de l'effectif, témoin du poids encore important des jeunes actifs célibataires vivant dans leur famille. Avec un âge moyen d'un peu moins de 35 ans, il est possible de voir dans cette migration de proximité une migration préférentielle de jeunes actifs, hommes ou femmes.
Près de 65 % des Parisiens appartiennent à un ménage mononucléaire, regroupant uniquement parents et enfants, alors que ces mêmes ménages ne sont que 54,6 % de l'effectif global. Les Parisiens migrants en banlieue proche sont donc plus souvent des actifs d'âge moyen 205 mais déjà installés en famille. Il est intéressant de noter la faiblesse relative, parmi ces migrants, d'individus isolés : l'installation en banlieue peut ainsi correspondre davantage à une migration inscrite dans un itinéraire résidentiel familial qu'à une migration du travail.
Au sein de cet ensemble, les communes semblent encore une fois s'individualiser. La répartition de la population vanvéenne par types de ménages ou par lieu de naissance diffère ainsi de manière importante des autres communes : en 1911, les migrants de banlieue n'y représentent qu'à peine 10 % des migrants de proximité, alors que dans les autres communes la proportion est d'un 1/3 contre 2/3 de Parisiens 206 . Par ailleurs, cette population est en grande majorité composée de familles nucléaires : ce sont plus de 70 % des individus nés à Paris qui appartiennent à ce type de ménages. A contrario, les formes complexes de regroupement familial (co-résidence de parentèle) ou les co-résidence comprenant des individus extérieurs à la famille (domestiques, employés par la famille ou logés) sont minoritaires, ne représentant respectivement que 5 et 4 % des individus, alors qu'ils forment 13 et 10 % de l'ensemble de l'effectif. La migration de proximité parisienne joue donc à plein pour la commune de Vanves, alors qu'elle ne fonctionne pas de la même manière pour sa proche voisine Malakoff : l'explication de la migration comme un simple desserrement au profit des communes les plus proches géographiquement de Paris ne semble donc pas probante dans cet espace de la banlieue sud-ouest.
Alors, comment expliquer ces migrations de Parisiens ? Venus en famille s'installer dans une banlieue proche, leur installation correspond–elle à une forme d'itinéraire familial couplé à un itinéraire patrimonial ? Deux axes permettent de compléter les données issues de l'analyse des formes familiales du recensement : d'une part, le croisement de ces dernières avec les données qualitatives sur les types de constructions présentes en majorité sur les communes à la veille de 1914, d'autre part l'analyse en terme professionnel, effectué toujours à partir du recensement de 1911.
Voir en annexe.
C'est-à-dire âgé de 18 ans et plus.
L'âge moyen de ces adultes nés à Paris est de près de 35 ans : il n'y a pas d'importante surreprésentation de la classe d'âge de très jeunes actifs dans cette migration (15-21 ans).
Tableaux en annexe.