Les 12 maires exerçant leur fonction sous le Second Empire et aux débuts de la République présentent des caractéristiques sociologiques relativement homogènes ; la quasi-totalité appartiennent au monde de l'aisance bourgeoise, disposant de revenus les classant dans une catégorie sociale aisée – soit plus de 10 000 francs de revenus par an 497 , parfois d'un patrimoine conséquent, et certains signes – comme la double résidence à Paris et en banlieue - semblent confirmer cette appartenance. Mais cette aisance, dont il est difficile de rendre compte dans le détail 498 , cache de très grandes disparités. A l'image de cette bourgeoisie qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, connaît une profonde diversité, les élites locales de banlieue parisienne sont plus des individus qu'un groupe social bien déterminé. Les définitions de haute, moyenne et petite bourgeoisie sont-elles aussi diverses et, ne proposant guère de critères quantitatifs ou qualitatifs discriminants, ne peuvent nous avancer dans le portrait de ces élites. De ce fait, il paraît intéressant de s'interroger, en fonction des sources disponibles, sur les éléments d'homogénéité qui apparaissent au sein de ce groupe, pour tenter de déterminer leur position dans la hiérarchie sociale. Elites locales, elles le sont par le choix que fait le pouvoir lors de leur nomination ; le sont-elles aussi par l'aisance financière, par l'appartenance à un monde de la représentation ? Ont-elles des points communs avec ceux que l'on nomment les "notables traditionnels" et dont il est communément admis qu'ils occupent assez largement les places du pouvoir local avant la "révolution des mairies" du début des années 1880 ? Notables oisifs ou bourgeois travailleurs, cette première distinction paraît déterminante pour définir leur appartenance au monde des traditions ; les lieux de résidence, dans la mesure du possible, peuvent aussi permettre de saisir l'étendue de leur domination symbolique ; enfin, l'évaluation – ardue – des fortunes et des patrimoines, en comparaison avec d'autres élites déjà étudiées, peut permettre de caractériser plus finement ces élites.
Je reprends ici la distinction faite par Agulhon, Girard et al, les maires en France.. op. cit. tableau 20, p. 78, et proposant trois niveaux de hiérarchie sociale en fonction du revenu (niveau supérieur, plus de 10 000 francs ; niveau moyen, entre 1000 et 9999 francs, niveau inférieur, moins de 1000 F).
De nombreuses études ont signalé ces difficultés à appréhender les modes de vie, les revenus exacts des familles bourgeoises , cf. A. Daumard, les bourgeois et la bourgeoisie en France, op. cit. Introduction.