A. le tournant du siècle : une génération de réformateurs ?

1. un fort renouvellement

a. de nouveaux venus

Comme pour la période commencée avec les élections municipales de 1884, le renouvellement est important ; 71 % des élus exerçant un mandat entre 1899 et 1910 sont des nouveaux venus n'ayant jamais eu d'autre fonction locale que celle de conseiller municipal. Ce renouvellement confirme l'impact de l'élection du maire dans l'évolution du personnel politique municipal : si la "révolution" des mairies n'a pas eu réellement lieu, l'évolution du mode de scrutin a largement favorisé la transformation des pouvoirs locaux. De ce fait, c'est la continuité avec les transformations nées dans la période précédente qui semble le plus évident.

Figure 3. Maires en poste entre 1899 et 1910
Figure 3. Maires en poste entre 1899 et 1910

Ces nouveaux maires n'ont pas toujours été conseillers municipaux avant de devenir premier magistrat de leur commune. Ainsi, Théodore Tissier, devenu conseiller municipal aux élections partielles de 1899 suite à la démission du maire, est élu maire dès le premier tour de scrutin contre le premier adjoint sortant 710 . Joseph Dupont, est élu en tête de liste lors des élections municipales de 1900, et devient le maire de la majorité municipale qui a remporté les élections 711 . Plus encore que pour la période précédente, on ne peut parler de parcours obligé menant au patriciat que serait le premier pouvoir local de la commune : les notables installés, connus depuis de nombreuses années par leurs électeurs mais aussi par le pouvoir central, ne sont plus les seuls à briguer le mandat mayoral. De nouveaux venus, tout juste installés dans la commune, les replacent : c'est le cas de Théodore Tissier, propriétaire depuis 1897 d’au moins une maison à Bagneux que sa famille n'habite pas de manière permanente. Certes, l'ancienneté d'installation continue d'être un critère de choix pour arriver au pouvoir local ; ainsi, dans l'annuaire du Conseil Général de la Seine est-il rappelé qu'Etienne Jarrousse, né à Oradour dans le Cantal, d'abord installé dans le 14e arrondissement de Paris, "habite le canton depuis 25 ans 712 ". Elu conseiller municipal en 1892, il devient maire dix ans plus tard, même s'il est probablement l'artisan de la victoire radicale en 1900 et de la candidature de Joseph Dupont au poste de maire, peut être préféré du fait de l'ancienneté d'installation de sa famille dans la commune 713 .

Notes
710.

AM Bagneux, délibérations. Séances du 21 mars 1899, démission du maire, et du 30 avril 1899, procès verbal de l'installation d'un conseiller municipal et de l'élection du maire.

711.

AM Vanves, procès verbaux des séances du Comité Républicain de Vanves, non cotés.

712.

Nos édiles, annuaire des conseillers municipaux de Paris et du Conseil Général de la Seine, 1910.

713.

Joseph Dupont est le fils cadet de Jean-Baptiste Dupont, ancien maire de Vanves. C'est le seul "héritier" d'une dynastie mayorale dans le groupe étudié. Voir la reconstitution des liens familiaux, Figure 2 p. 264.