1. L'essoufflement du renouvellement.

Entre 1910 et la guerre, le taux de renouvellement tombe à 55 %. Les élections de 1908 confirment l'ensemble des maires sortants. Il faut attendre le scrutin de 1912 pour que l'on voit de nouveaux venus briguer la fonction mayorale.

a. L'absence d'un second renouvellement générationnel

La stabilité des édiles est flagrante pour cette période. A l'inverse du tournant du siècle, l'âge moyen au premier mandat remonte à un peu plus de 54 ans, proche de l'âge moyen de l'ensemble du groupe. Si l'on considère l'âge non plus au début du mandat, mais l'âge réel des maires, la période 1900-1912 est marquée par un vieillissement en poste des maires, alors que durant ce même intervalle de temps ont lieu 6 changements de titulaires. L'une des caractéristiques de la génération de 1900, la jeunesse du recrutement, disparaît : les nouveaux maires sont plus souvent des sexagénaires que des trentenaires.

Figure 4. Maires en poste entre 1910 et 1914.
Figure 4. Maires en poste entre 1910 et 1914.

Le plus jeune de ces édiles, Edouard Fourquemin, a déjà 43 ans lors de son accession au poste de maire en 1912. On est bien loin des élus trentenaires de 1900. Le vieillissement du recrutement confirme à la fois la pertinence d'un coup d'œil sur la génération du tournant du siècle et signale bien sûr les limites de la modernité politique retrouvée à cette occasion. Certes, certains maires sont élus par le conseil pour assurer la transition jusqu'aux élections suivantes : c'est le cas d'Hippolyte Mulin et de Pierre Simon, les doyens de ce groupe, qui ne restent en poste que le temps d'une fin de mandat. De plus, ces deux hommes étaient avant leur élection, les adjoints du maire démissionnaire ou décédé. Dès lors, si l'on ne considère que les maires ayant exercé leurs fonctions pendant au moins le temps d'une mandature, l'âge moyen au premier mandat baisse sensiblement à près de 50 ans, ce qui reste toutefois nettement plus élevé que la génération précédente.

Il est difficile de saisir les raisons de ce vieillissement du recrutement. Si l'on observe les âges d'arrivée à Paris pour les Provinciaux, ou dans la commune pour les Parisiens, les caractéristiques précédemment indiquées semblent perdurer. Les Parisiens s'installent à 33 ans et demi dans la commune dont ils deviennent maire plus de vingt ans après leur arrivée. Les Provinciaux arrivent plus jeunes à Paris, avant 30 ans le plus souvent, et s'installent à l'âge de la maturité professionnelle dans la commune, autour de 40 ans. Il leur faut attendre en moyenne 13 ans de présence dans la commune – mais près de 30 ans en dehors de la leur commune de naissance – pour devenir maire. Comme pour les autres périodes, les nouveaux venus dans la commune semblent devoir faire leurs preuves, souvent en devenant conseillers municipaux. Ce laps de temps est certainement mis à profit pour construire un réseau de connaissances nécessaire à une telle élection.

Dès les années 1910, le renouvellement du recrutement semble se tarir. L'élection mayorale cesse en partie d'être l'occasion pour de jeunes actifs d'entrer en politique. Les élections de 1912, où deux communes voient le renouvellement de leurs équipes municipales, ne sont plus l'occasion d'un rajeunissement des maires : le renouvellement se fait d'ailleurs, à Malakoff comme à Montrouge, plus autour d'une équipe que d'un seul nom. La mise en avant d'un jeune maire, comme ce fut le cas à Bagneux en 1899 avec l'élection de Tissier ou en 1900 avec celle de Joseph Dupont, ne semble plus de mise. La génération d'avant-guerre semble finalement être la continuité de celle qui la précède. La renouvellement générationnel engagé lors des élections de 1900 a bien cessé en banlieue sud-ouest.