A. des pratiques sociales marquées par l'archaïsme

L'assistance aux plus pauvres passe localement par trois institutions : les hôpitaux, qui, dans la Seine, sont organisés au niveau départemental, les bureaux de bienfaisance et enfin l'assistance privée, de loin la plus importante et la plus difficile à mesurer. Les bureaux de bienfaisance, soutenus par les édiles dès la Révolution Française, sont largement implantés dans les communes de la banlieue parisienne : ils sont présents dans chacune des quatre communes étudiées 769 . A côté de cette institution en partie contrôlée par les pouvoirs publics, les communes de banlieue disposent de sociétés de secours mutuel 770 , plus rarement d'un hospice privé 771 et de quelques maisons de repos ou de retraite souvent dirigées par des Congrégations religieuses.

Les formes de l'assistance locale sont ainsi multiples et résultent encore largement des principes de subsides privés, sur lesquels l'Etat, par le biais de la Préfecture, donne son avis en contrôlant les ressources. Par ailleurs, la présence des élus locaux dans les rouages de l'assistance locale témoigne de l'importance du rôle dévolu au secours dans l'action municipale. Cette gestion de la pauvreté entretient des liens étroits avec la gestion urbaine, puisque bureaux de bienfaisance ou hospices participent de ce monde urbain. En effet, la dissolution des liens de solidarité de famille – au sens large – ou des pratiques patriciennes de charité du fait du brassage des populations fait de la ville le lieu par excellence d'une assistance locale plus anonyme. Hôpitaux et hospices sont ainsi l'apanage des centres urbains 772 , alors que l'assistance aux pauvres est rapidement devenu une des attributions essentielles des élites urbaines. C'est donc du côté de l'assistance que les formes les plus traditionnelles de la gestion locale se retrouvent, et ce jusqu'à la veille du Premier conflit mondial.

Notes
769.

Cf. Petit Jacques-Guy et Marec Yannick (dir.), Le social dans la ville. En France et en Europe, 1750-1914, Ed. Atelier, 1996 ; Gueslin André, Gens pauvres, pauvres gens dans la France du XIX e siècle, Aubier, 1998.

770.

Certaines sont très anciennes, comme la Société Saint Fiacre, qui existe au moins dès le milieu du XIXe siècle à Bagneux et Vanves. D'autres se multiplient dès les années 1880.

771.

L'Hospice Verdier de Montrouge, créé en 1873.

772.

Faure Olivier, Histoire sociale de la médecine, Anthropos–Economica, 1994.