A travers la plaine ou sur les plateaux encore non bâti, le cheminement des piétons, comme celui des carrioles, charrettes et autres voitures est primordial pour l'économie des territoires étudiés. La proche banlieue parisienne, on l'a vu, produit pour un marché qui se situe pour l'essentiel à Paris : carrières de gypse, plâtriers et glaisiers extraient des sous-sols les matières premières nécessaires à l'industrie du bâtiment parisienne. Maraîchers, horticulteurs et champignonnistes nourrissent quotidiennement le "ventre de Paris", et leurs productions doivent rejoindre tous les jours le cœur de la capitale, c'est-à-dire pouvoir quitter les parcelles agricoles et rejoindre les portes de l'octroi, en utilisant le train à la station de Clamart 864 , ou l'Arpajonnais, train sur route qui longe la nationale 20. Distillateurs, liquoristes et vinaigriers produisent pour un marché plus large, celui de l'ensemble de la région parisienne. Blanchisseurs et surtout blanchisseuses lavent le linge sale des Parisiens : paquets de linge sale et propre circulent quotidiennement entre les blanchisseries et Paris. Les exemples sont foisonnants de l'importance de la circulation entre les portes de l'octroi et les communes de banlieue.
La voirie est l'une des compétences essentielles des conseils municipaux. Pourtant, toute la voirie traversant les territoires communaux n'est pas de leur ressort. On distingue ainsi la "grande communication", qui regroupe l'ensemble de la voirie d'intérêt national ou départemental. Cette voirie de grande communication est elle-même scindée entre routes nationales et départementales, dont l'entretien est à la charge de l'Etat ou du département, et les "chemins de grande communication", dont l'entretien s'effectue par le département de la Seine moyennant une participation des communes en fonction de la longueur de la voie traversant son territoire. Ce réseau de voies est celui qui sera le premier équipé, d'égouts comme de tramways. La voirie de ce type représente entre 45 % (Montrouge et Bagneux) et 25 % (Malakoff et Vanves) de la voirie totale de la commune 865 .
En dessous de la voirie de grande communication, plusieurs types de voies sont classées par les conseils municipaux. D'une part, la voirie urbaine : celle-ci, d'intérêt local pour les déplacements, doit aussi subir un entretien particulier, être pavée et non empierrée, prévoir des trottoirs le plus souvent ; les municipalités sont chargé de leur entretien, tant pour la propreté que pour les réparations. Cette voirie urbaine tant à prendre de l'importance dans les communes proches de Paris : à Montrouge en 1905, la voirie urbaine représente 31 % du total des voies, 41 % à Malakoff et 51 % à Vanves. A l'autre extrémité de l'entretien se situent les chemins ruraux, propriétés communales mais dont l'empierrage n'est pas systématique. La commune veille tout de même à l'absence de fontis, ces dépressions provoquées par les galeries souterraines des carrières. Sans surprise, c'est à Bagneux, dont la surface bâtie est la moins importante, que ces chemins ruraux sont les plus importants ; ils représentent près de 30 % de la voirie totale.
Entre ces deux types de voies, existent aussi des chemins vicinaux ordinaires, dont la municipalité doit assuré l'alignement et l'empierrage à partir du moment où les anciens chemins ruraux sont classés dans cette catégorie, et la voirie particulière, le plus souvent celle des lotissements. Pour ces derniers, la municipalité n'est pas tenue à l'entretien : ce sont les lotisseurs ou les riverains qui sont propriétaires de la voie et doivent en assurer l'entretien. Ces voies particulières peuvent être très importantes (près de 13 % de la voirie à Malakoff) et posent le problème crucial de leur assainissement.
Ce sont donc en moyenne près de 23 km de voies qui traversent les communes, et dont il faut assurer l'entretien, à des degrés divers. L'importance des questions touchant la voirie peut être mesurée aussi bien qualitativement à travers les délibérations des conseils municipaux que quantitativement dans les budgets communaux. Les dépenses de voirie, en moyenne près de 31 % des dépenses ordinaires totales, sont le poste le plus important du budget municipal, suivi de près par l'instruction publique. Les variations entre les différentes années ne sont guère sensibles, permettant de constater une permanence de ce budget et une augmentation des dépenses de voirie comparable à l'augmentation générale des dépenses budgétaires. Cette double remarque (stabilité de la part des dépenses de voirie, place prépondérante de ces dépenses dans les actions de gestion locale) pourrait aller dans le sens d'une situation relativement figée. Si une partie des raisons de cette stabilité sont à chercher dans les obligations contenues dans la loi, le détail de la répartition des dépenses au sein de cet ensemble "voirie" permet de nuancer les propos et de faire apparaître des évolutions.
La différenciation qu'effectue le législateur entre les différents types de voies est essentielle pour mesurer les obligations qui incombent alors aux municipalités. Celles-ci doivent veiller au bon état de viabilité de l'ensemble de la voirie, à l'exclusion des chemins ruraux et des voies privées. L'état de viabilité suppose la possibilité pour des voitures de parcourir les chemins, et impose au minimum un empierrement, au mieux un pavage ; l'alignement et le nivellement de ces voies sont nécessaires. Les voies urbaines, quant à elles, non seulement doivent être maintenues à l'état de viabilité, mais le plus souvent le rattachement au réseau d'égouts est nécessaire, de même que la mise en place du ramassage des boues et immondices. Pour certains grands travaux, comme le raccordement aux réseaux d'égouts départementaux existants, des subventions peuvent être obtenues, et la participation des propriétaires riverains est souvent exigée.
Sur la Ligne Paris–Chartres par Versailles, inaugurée en 1840, la station de Clamart a longtemps été la première après les fortifications. La gare de Vanves-Malakoff est ouverte en 1883.
Source : Etat des communes, op. cit., éditions entre 1901 et 1905. L'absence de route nationale sur les deux dernières communes, la traversée de Montrouge et de Bagneux par des chemins de grande communication explique en partie ce décalage. En dehors de Montrouge, les trois autres communes ont un réseau de grande communication de 6500 mètres linéaire en moyenne. Voir en annexe le tableau récapitulatif.