Deux indicateurs permettent de tenter d'évaluer les évolutions dans la gestion de la voirie. D'une part, l'outil comptable que représentent les budgets communaux. D'autre part, l'outil qualitatif que sont les délibérations des conseils municipaux. Mais ces deux sources doivent être utilisées avec précaution. En ce qui concerne les budgets communaux tout d'abord, l'absence de normalisation, entre les communes ou dans le temps, rend les comparaisons difficiles et oblige à un travail de recomposition en grands postes 1060 . Quant aux délibérations, si elles représentent le matériau essentiel pour une analyse qualitative fine, elles doivent être retravaillées pour tenter de faire émerger d'éventuelles ruptures.
Desservir la ville n'est pas réservé au seul réseau viaire, qu'il soit local ou qu'il concerne un espace plus large. La transformation des chemins et des routes en rues témoigne d'une évolution du paysage de la banlieue en ces années de fin de siècle. En parallèle aux questions touchant le réseau viaire, les conseils municipaux se préoccupent d'améliorer la desserte urbaine par les transports en commun, dont les lacunes et l'obsolescence prennent une acuité renforcée avec la croissance démographique des années 1890. En banlieue sud-ouest comme dans d'autres communes de la banlieue parisienne, l'amélioration de l'offre de transports collectifs modernes est l'une des revendications essentielles de politique urbaine à l'échelle intercommunale. Cette question semble ainsi être un indicateur pertinent pour saisir les évolutions dans l'appréhension des politiques urbaines par les édiles banlieusards.
Sur les budgets communaux, voir Brunet, J.-P., Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939). Problèmes d'implantation du socialisme et du communisme. Thèse, Paris IV, 1978, chapitre VII, bilan budgétaire, problèmes de méthode, pp. 357-365 ; Pinol, Jean-Luc. "villes riches, villes pauvres" Vingtième siècle. Revue d'Histoire, op. cit.