2. Une desserte pour le plus grand nombre : les tramways.

La question des transports en commun est centrale pour comprendre les relations entre les communes de banlieue et les autorités supérieures. Par ailleurs, les revendications d'un réel désenclavement des banlieues ou de l'amélioration de l'accessibilité vers Paris ou entre elles sont les témoins d'un manque crucial d'épine dorsale permettant une fluidité du trafic, et, donc, d'une situation de dépendance accrue face aux différentes administrations supérieures.

De ce fait, le nombre et la périodicité des délibérations des conseils municipaux émettant au sujet des transports en commun des vœux d'amélioration de tout ordre signale une prise en compte nouvelle et progressive du jeu possible des élus face à l'administration supérieure. Les délibérations témoignent aussi de la gestation d'une nouvelle prise de conscience de l'espace urbain, qui progressivement ne se limite plus au seul espace communal.

Au travers de ces délibérations, on peut donc trouver l'expression d'une forme politique de revendication d'autonomie dans les décisions des tracés des futures voies de tramways ou de chemin de fer. Dans le discours politique local, ces revendications de l'autonomie vis à vis de la domination de Paris sont associées à des moments forts de l'histoire nationale permettant à la fois leur expression et l'impact d'un éventuel résultat concret.

Une périodisation de ces revendications peut être tentée : c'est ainsi qu'avant le milieu des années 1880, la question des transports en commun n'est pas centrale dans les relations entre l'Etat, la préfecture de la Seine, le département et les communes, mais qu'à partir de la loi municipale de 1884, les oppositions se font naturellement plus entendre. Le tournant du siècle constitue une période faste dans les négociations parfois acerbes entre la Préfecture de la Seine, les communes et les compagnies privées.