Conclusion du chapitre 3

Gérer la ville recoupe ainsi plusieurs réalités. L'action locale des édiles banlieusards, visible grâce aux délibérations des conseils municipaux, touche de nombreux aspects, et fait de ces édiles des généralistes de l'action urbaine. Toutefois, une évolution sensible accompagne la transformation de l'espace urbain de la banlieue parisienne. La fonction mayorale, limitée non seulement juridiquement mais aussi par les habitudes et les pratiques gestionnaires, est confinée à un rôle de notable avant les années 1880. L'assistance aux pauvres est le témoin de la permanence des traditions édilitaires anciennes dans la gestion de la ville, même si le groupe chargé d'assurer l'assistance aux pauvres est plus large que celui des édiles, et regroupe la quasi-totalité des élites urbaines locales. Cette forme d'assistance, archétype d'une tradition nobiliaire et bourgeoise du don, est progressivement concurrencée sur ce même terrain par des pratiques nouvelles, inspirées par les réformistes, imposées parfois par l'Etat. Les édiles banlieusards deviennent, au tournant du siècle, les défenseurs des dispensaires et d'une prophylaxie sanitaire d'une plus grande ampleur que les secours distribués par leurs prédécesseurs.

Mais, si le social a en ville une acuité toute particulière, acuité renforcée lors des périodes de chômage et de crise économique par la dissolution des liens anciens de solidarité, les maires de banlieue se pensent davantage encore comme des bâtisseurs. Là aussi, l'évolution est patente, entre un rôle mayoral centré autour de la mise en valeur de la monumentalité du centre ville, que ce dernier soit sacré (l'église) ou – de plus en plus – profane (la mairie), et un nouveau rôle, prépondérant à partir du début du siècle, où la voirie urbaine joue le plus grand rôle. C'est certainement dans ce passage de la route ou du chemin à celui de la rue qui illustre le mieux la transformation urbaine des communes de la banlieue sud-ouest de Paris.