Les rapports entre les communes de Seine-banlieue 1163 et l'administration de la Ville de Paris sont profondément conflictuelles. L'existence d'une double tutelle administrative, déjà pesante, est accentuée par le rôle partisan du Conseil Général de la Seine, censé être le représentant des intérêts de l'ensemble du département, mais qui, aux dires des élus, se préoccupe plus des intérêts parisiens que ceux de sa banlieue (ou ne voient la banlieue qu'en fonction des intérêts de la ville de Paris, ce qui revient au même). Triple contrôle donc qui impose aux maires des communes de banlieue d'organiser de véritables lobby d'intérêt tant auprès des fonctionnaires de la Préfecture de la Seine qu'auprès des élus du département. Et qui engendre une exaspération des élus communaux vis-à-vis d'un pouvoir discrétionnaire donné ou supposé appartenir aux instances dirigeantes, électives ou administratives de la Ville de Paris. De plus, la fonction capitale de la Ville et sa position vis-à-vis de l'extérieur en tant que lieu de représentation du pouvoir central, déforme les relations entre la ville et ses banlieues. Les rapports entre ville centre et marges ont souvent été conflictuels, comme le souligne John Merriman dans des exemples très divers 1164 , mais ces conflits sont accentués dans le cas de la région parisienne.
Paris dispose intra muros d'un nombre important de prérogatives et privilèges dans le domaine de l'assistance et de l'éducation, prérogatives qui sont régulièrement dénoncées par les édiles locales. Les écoles professionnelles et des hôpitaux, installés de manière quasi exclusive à Paris, créent entre les communes suburbaines et la Ville de Paris une situation de dépendance alors qu'aucun lien hiérarchique ne les relie. Cette dépendance effective, obligeant les communes à s'acquitter d'un forfait permettant l'admission dans les hôpitaux parisiens de sa population, ou à payer les frais d'écolage des élèves admis dans les écoles professionnelles de la Ville de Paris, s'accompagne d'un fort sentiment de dépendance et d'injustice. Les élus des communes de banlieue utilisent alors un discours complexe combinant le sentiment d'être une périphérie abandonnée du pouvoir central et un appel au secours comme à l'impartialité de ce même pouvoir contre la toute puissance de la Ville de Paris ou de l'administration de l'Assistance Publique. Ce qui, en raison des relations administratives complexes entre Ville et département, ne va pas sans poser de problème.
Le terme est utilisé dans les documents administratifs pour différencier, au sein du Conseil Général, les élus membre du conseil municipal de Paris et les conseillers généraux représentant les deux arrondissements périphériques, l'arrondissement de Saint-Denis et celui de Sceaux.
Merimann, J. Aux marges de la ville. Faubourgs et banlieues dans la France du XIX e siècle, Seuil, 1994 [1991].