Conclusion du chapitre 4

Au-delà d'une histoire d'un outil administratif encore peu étudié, émergent des problématiques fécondes autour de l'invention des premières politiques urbaines. Le syndicat intercommunal pour le gaz en banlieue parisienne apparaît ainsi comme un nouvel espace de régulation des conflits.

Les politiques urbaines locales semblent ainsi connaître, avant guerre, une forme de prélude aux premières tentatives d'aménagement de la région parisienne 1398 . Il est intéressant de voir que ces initiatives sont d'abord à l'origine des communes, et ensuite qu'elles se font en excluant la ville-centre. Dès lors, il est possible de voir la continuité des relations conflictuelles entre centre et périphérie dans ce nouvel espace de régulation : pensé pour réunir les communes de banlieue entre elles, le syndicat intercommunal ne permet pas d'envisager l'aménagement de la région dans son ensemble – ce n'est d'ailleurs pas son but. Bien au contraire, il est un instrument de pression aux mains des petites communes contre un double arbitraire, celui de la Ville de Paris et celui de la Préfecture de la Seine.

Ainsi, les nouveaux acteurs et moyens juridiques mis en œuvre au tournant du siècle relèvent autant de la réforme urbaine que de la continuité des rapports de force. Les rapports complexes entre Paris et ses banlieues ne sont ici observés qu'à partir des communes périphériques, et dénotent un ressentiment à la fois politiquement instrumentalisé et symboliquement intériorisé par les édiles municipaux. Espace majeur de régulation, la Préfecture de la Seine est systématiquement accusée d'être partiale. L'invention d'un nouvel espace juridique de défense des "petits" contre les gros, moyen moderne du lobbying politique, ne règle pas les conflits, comme le montre la pérennité de ces derniers, encore aujourd'hui d'actualité.

Notes
1398.

Voldman Danièle (dir.), Région parisienne, approche d'une notion : 1860-1980, Paris : IHTP, 1989.