A. les catégories empruntées par les édiles : appropriation du discours national

1. le champ du discours savant

C'est le discours le plus connu aujourd'hui sur la ville, celui dont les auteurs ont été le plus analysés. Ce discours est très lié à la diffusion des connaissances médicales et contribue aussi à la constitution d'un ville anthropomorphique, une ville dont la description suit celle de l'intérieur du corps humain. Dans le langage courant, on retrouve encore aujourd'hui les traces de cette transposition du corps humain : le cœur de la ville est celui où bat l'activité, on parle aussi de poumons de la ville pour évoquer les espaces verts ou les bois, censés produire un air qui ne serait pas vicié par les exhalaisons urbaines. Mais, plus que la métaphore organiciste, ce sont les maladies urbaines qui sont décrites : ici, les auteurs insistent sur les odeurs et les cloaques nés de l'insuffisance du réseau d'égouts, là, ce sont les miasmes des maladies véhiculés par les mouches présentes en grand nombre dans un espace réduit, fermé et encombré de personnes. Les descriptions des caves de Lille ou des rues de Belleville sont connues ; la banlieue, décrite par ces auteurs producteurs de ou diffuseur du savoir savant, connaît le même sort.

Parmi la multitude des exemples des discours médicalisés traitant de la ville en général, et auxquels la banlieue n'échappe pas, deux moments semblent producteurs de ce type d'images : d'une part, la question de la santé publique, dans laquelle on peut aussi bien voir la législation ancienne sur les établissements insalubres que celle de 1850 portant création du Conseil de Salubrité publique et imposant des inspections des logements insalubres dans toutes les communes, d'autre part celle de la prophylaxie et de la morale des individus habitant ces espaces insalubres et dont il faut se soucier.