2. les échelles de compréhension de la ville par les édiles : géographie d'une banlieue "en morceaux"

Les fortifications sont non seulement une frontière physique mais aussi une frontière symbolique, séparant l'urbain du non-urbain, que ce dernier soit faubourg, banlieue hors les murs ou espace rural dépendant de la ville. Cette limite symbolique a-t-elle perduré alors même que s'urbanise la banlieue ? Cette question est essentielle pour comprendre la permanence du sentiment de relégation que semblent éprouver les édiles banlieusards, présents dans une institution comme le Conseil général, regroupant élus de Paris et de sa banlieue tout en ayant constamment le sentiment de l'exclusion ou du délaissement.

Par ailleurs, les fortifications ne sont pas les seules frontières délimitant l'espace de la banlieue ; en coupant ainsi deux espaces, elles symbolisent certainement le statut de périphérie attribuée aux communes de banlieue, peut-être accentué lorsque ces dernières, limitrophes de la capitale, sont en relations quotidienne avec la capitale. L'espace de la banlieue de Paris semble aussi être pensé par les édiles comme un espace morcelé et délaissé, où la force symbolique et réelle des éléments de coupure entre le cœur économique et la banlieue sont rappelés et dénoncés. Au-delà des fortifications, d'autres formes de coupures surgissent dans la représentation édilitaire de la banlieue, transformant l'espace hors les murs en une zone de périphérie urbaine.