1. La permanence d'une banlieue "de carte postale"

La banlieue n'est pas le sale et le malpropre ; elle n'est pas la laideur personnifiée, malgré les aphorismes nombreux à ce sujet. La construction du lotissement de la Nouvelle Californie par Chauvelot, par delà l'opération de spéculation immobilière en elle-même, se base sur une image positive de la banlieue, associée à la fois à un espace récréatif, au bon air de la campagne que l'on oppose à l'air vicié des ruelles et taudis parisiens, et aux possibilités d'y installer un foyer à moindre coût. Cette image positive ancienne continue, toutefois de façon plus limitée, à exister dans le discours sur la banlieue, espace de glorification de l'individualisme que la "petite maison avec jardinet" semble incarner. Associer de manière systématique au terme de banlieue un préjugé négatif relève de la construction mentale héritée à la fois de la crise des banlieues des années 1980 mais aussi de la prise de conscience des "mal lotis", inexistante avant les années 1920 ¹⁷⁴¹ . Sinon, comment comprendre l'attrait des habitants pour s'installer en banlieue, sauf à considérer que le choix serait un choix uniquement contrait par le prix des loyers parisiens et la faiblesse des prix du foncier banlieusard ? Certes, cette contrainte est une réalité, y compris dans les premières années du siècle ; mais il est frappant de voir que la diffusion d'un discours négatif sur la banlieue coexiste avec la permanence d'une discours positif sur ces espaces hors les murs.