Bref historique de la vie politique lyonnaise et rhône-alpine

Dans la période de Lacroix Laval (1958-1973), la Ville de Lyon est dirigée par Louis PRADEL. Fils de petit commerçant lyonnais (son père tient un café dans le 3ème arrondissement), Louis PRADEL succède à Edouard HERRIOT après le décès de celui qui est maire de Lyon depuis 1905. Elu par le Conseil municipal en 1957, il gagne largement et à la surprise générale, les élections de 1959 (sa liste obtient près de 38% des sièges au Conseil municipal) en conduisant ses propres listes apolitiques et s’appuyant sur l’électorat traditionnel du parti radical. De 1959 à 1965, il gouverne avec les élus de l’UNR, du CNI et de la SFIO dont les membres reçoivent tous des postes d’adjoints au maire. Seuls les communistes restent en dehors de la majorité municipale. Il entretient des relations de grande proximité avec des opposants déclarés du Général De GAULLE comme Jacques SOUSTELLE. Les élections de 1965 sont un triomphe pour les listes « apolitiques » P.R.A.D.E.L. (Pour la Réalisation Actives Des Espérances Lyonnaises) qui remportent 71% des suffrages exprimés. Alors qu’il est l’indéracinable maire de Lyon, Louis PRADEL ne se lance pas dans une carrière nationale. Il ne sera ainsi jamais sénateur ou député. Il soutient par contre des élus qui lui sont proches et favorisent leur élection : Francisque COLLOMB et Léon CHAMBARETAUD sont ainsi élus aux sénatoriales de 1968. En 1968, Louis PRADEL est élu à la Communauté urbaine de Lyon après qu’un accord ait été passé avec le maire socialiste de Villeurbanne, M. GAGNAIRE. En 1971, cependant, l’unité de sa majorité se fissure : les socialistes font liste à part. De 1971 à 1976, il gouverne grâce au soutien de l’UDR, des Républicains Indépendants et des centristes. Il soutient Valéry GISCARD d’ESTAING en 1974. Louis PRADEL décède à un an du terme de son mandat en 1976 842 . C’est l’un de ses proches Francisque COLLOMB qui lui succède. S’appuyant sur le centre et le RPR, Francisque COLLOMB gagne les élections de 1977 et celle de 1983. A partir de 1983, il a pour premier adjoint Michel Noir.

Les élections de 1989 voient l’écrasante victoire de Michel Noir sur Francisque COLLOMB. Les listes de Michel Noir arrivent en tête dans les 9 arrondissements lyonnais ce qui lui assure une très large majorité à la Ville de Lyon. A Lyon, c’est la première fois qu’un maire sortant est battu depuis l’élection d’Edouard HERRIOT en 1905. Michel Noir ouvre cependant son équipe municipale aux élus de l’UDF pour s’assurer de leur soutien dans l’élection à la présidence de la Communauté urbaine de Lyon. Il devient président de la Communauté urbaine de Lyon et gouverne avec l’UDF (qui obtient 6 postes de vice-président comme le RPR) 843 . Michel Noir quitte le RPR en décembre 1990 et fonde un nouveau parti « Nouvelle démocratie ».

Les élections de 1992 au Conseil général conforte la majorité départementale : Michel MERCIER dispose d’une solide majorité UDF/RPR (26 élus pour l’UDF et 11 élus pour le RPR). Les partis de gauche ne sont que très faiblement représentés au sein de l’assemblée départementale (le PS a 10 sièges et le PC 3 seulement). Le Conseil général est complété par un proche de Michel Noir qui parvient à se faire élire, Gaby CAILLET. Trois vice-présidence sont accordées au RPR, 10 à l’UDF 844 .

Les élections régionales de 1992 ne parviennent pas à dégager une majorité nette au sein du Conseil régional. 62 conseillers Union Pour la France (UPF qui regroupe le RPR, les élus UDF et les élus « Nouvelle démocratie) seulement sont élus, 29 Front national, 1 divers droite. 10 Verts, 11 Génération écologie, 7 divers gauches, 25 socialistes et 11 communistes complètent l’assemblée régionale. Charles MILLON n’est élu à la présidence qu’au troisième tour avec le soutien des Verts et de Génération Ecologie 845 . Il doit rallier les voix des Verts et de Génération Ecologie pour gouverner la région Rhône-Alpes.

Les municipales de 1995 sont marquées par la proximité du procès de Michel Noir 846 . Mis en cause dans l’affaire BOTTON, Michel Noir ne brigue pas un second mandat. Si on le retrouve sur les listes de l’un de ses adjoints Henry CHABERT qui mène des listes composées de noiristes, il n’est pas candidat à un poste exécutif 847 . Raymond BARRE conduit la liste d’union RPR/UDF alors que Gérard COLLOMB dirige la liste socialiste. C’est Raymond BARRE qui arrive en tête du scrutin au premier tour : les listes CHABERT et BARRE fusionnent. A la Ville de Lyon, l’UDF et le RPR comptent 26 élus, les proches de Michel Noir en ont encore 18 et les listes de Gérard COLLOMB 27 848 . La victoire de Jacky DARNE à Rillieux-la-Pape rééquilibre les forces au sein de la Communauté urbaine de Lyon. Raymond BARRE multiplie les postes d’adjoints pour parvenir à s’assurer une majorité (la Communauté urbaine comptent 37 vice-présidents dont 8 RPR, 17 UDF, apparentés UDF ou divers droites, 1 noiriste, 8 socialistes, 1 divers gauches et deux sans étiquettes).

Les élections régionales de 1998 accouchent d’une assemblée très divisée : les deux listes QUEYRANNE et MILLON obtiennent toutes les deux 60 voix. L’assemblée est complétée par un indépendantiste savoyard et un élu CPNT. Le FN obtient trente-cinq sièges. Charles MILLON est élu président de la région Rhône-Alpes avec le soutien des conseillers frontistes. Il obtient 93 voix (seuls Marie-Thérèse GEFFROY, une ex-noiriste réintégrée au RPR, deux UDF, Thierry CORNILLET et Fabienne LEVY ne votent pas pour Charles MILLON dans les conseillers RPR/UDF qui ont été élus sur ses listes 849 ). Rapidement 17 conseillers régionaux dont Anne-Marie COMPARINI se désolidarisent de la présidence MILLON 850 . Etienne TETE, conseiller régional Vert, intente un recours devant le Conseil d’Etat estimant que l’élection de Charles MILLON a été obtenue après qu’un débat ait eu lieu entre Charles MILLON et Bruno GOLLNISCH entre le deuxième et le troisième tour de scrutin. L’élection de Charles MILLON est annulée par le Conseil d’Etat. Un nouveau scrutin est organisé pour désigner un président: il voit l’élection d’Anne-Marie COMPARINI qui s’appuie sur les élus du Parti socialiste, des Verts et les 17 conseillers RPR/UDF hostiles à Charles MILLON pour gouverner la région Rhône-Alpes.

Les élections cantonales de 1995 et de 1998 n’affectent pas la majorité au sein de l’assemblée départementale qui reste ancrée à droite. En 2004, la majorité UDF/UMP dispose en effet de 31 sièges (20 pour l’UDF et 11 pour l’UMP) contre 20 pour le PS et 3 pour le Parti communiste.

Les municipales de mars 2001 voient s’affronter notamment les listes de Gérard COLLOMB, de Michel MERCIER et de Charles MILLON. Michel MERCIER n’arrivant pas en tête au soir du premier tour, il se retire n’acceptant pas la fusion avec les listes de Charles MILLON. C’est Jean-Michel DUBERNARD qui conduit des listes regroupant des partisans de Charles MILLON (en majorité) et des membres de l’UDF et du RPR. C’est finalement Gérard COLLOMB qui l’emporte. Le Conseil municipal est actuellement composé de 25 socialistes et apparentés, de 18 millonistes, de 13 UMP, de 6 communistes, 5 Verts, 3 radicaux et 3 élus de la Gauche Alternative Ecologique et Citoyenne.

Notes
842.

105-131.

843.

Daniel NAVROT, Annuaire politique Rhône-Alpes,

844.

« Michel MERCIER veut reconstruire l’UDF à Lyon », Lyon Figaro, 3 avril 1992.

845.

« Le front des triangulaires », Lyon Figaro, 24 mars 1992.

846.

« Le procès », L’Express, 9-15 février 1995.

847.

« La déclaration de Michel NOIR », Lyon Figaro,27 avril 1995.

848.

« Raymond BARRE s’impose », Lyon Figaro, 19 juin 1995.

849.

« Le FN installe MILLON », Lyon Figaro, 21 mars 1998

850.

Le monde du 17 avril 1998 « Rhône Alpes dix sept conseillers régionaux de droite opposés à Charles MILLON ont constitué deux groupes », Le Monde, 17 avril 1998.