Entretien avec Marion GLATRON –Correspondante « Education nationale » à la DATAR – 4 mars 2003

L’entretien se déroule à Paris dans les locaux de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale. Il dure 45 minutes. Nous prenons des notes. Mme GLATRON vient de prendre son poste à la DATAR depuis quelques mois. Elle n’a donc jamais participé aux négociations qui précèdent un CPER et n’a fait qu’un CIADT.

Mme GLATRON nous décrit le fonctionnement de la DATAR : il y a une forte interconnaissance des personnels de la DATAR. La structure est toute petite. Au sein de la délégation, elle n’est pas la seule à s’occuper de l’enseignement supérieur et de la recherche : les délégués territoriaux s’en occupent également (ils s’occupent de tout ce qui est dans une région donnée). La cellule prospective intervient également dans l’enseignement supérieur. Les contacts avec ses collègues se font au gré des opportunités ou essentiellement quand il y a un problème sur un sujet. La DATAR étant une petite structure, l’interconnaissance y est forte.

Après une formation de sciences sociales, Mme GLATRON est entrée dans la DATAR et a occupé des fonctions au sein de la cellule prospective. La DATAR semble être une structure relativement cloisonnée. Ainsi elle n’entretient des rapports avec ses collègues territoriaux que quand elle y a un problème sur un dossier.

Son travail consiste à faire prendre en compte au ministère de l’Education nationale la dimension territoriale de l’enseignement supérieur. Elle souligne le flou qui caractérise la période : les schémas de service collectifs sont aujourd’hui remis en cause par le gouvernement actuel. L’avenir des contrats de plan est également flou. Le Premier ministre a remis en cause la façon dont ils ont été faits. Sur le plan des relations avec le local, il lui arrive de recevoir certains élus (avec certains de ses collègues territoriaux) qui demandent à être reçus par la DATAR. Mme GLATRON n’a pas participé à la négociation des contrats de plan. Elle n’est là que depuis avril dernier.

La situation de la DATAR est difficile : par les collectivités elle est considérée comme représentant de l’Etat, par l’Etat, par définition, son action est interministérielle et à ce titre elle entrave parfois un peu le fonctionnement des ministères. Assimilée à un « machin gaullien poussiéreux », il lui faut souvent se battre pour faire prendre en compte l’aspect territorial dans les politiques ministérielles. La prise en compte de cet intérêt territorial est variable selon les interlocuteurs ministériels. A l’Education nationale, grand ministère, il ne semble pas que cela soit pas forcément facile.

La DATAR intervient dans des projets qu’elle pilote elle-même notamment en cas de catastrophes naturelle (région de Toulouse avec la catastrophe de l’usine AZF) ou socioéconomique (Nord de la France). Ici, les ministères sont sollicités dans leur domaine de compétence. Au delà de ces projets, la DATAR intervient dans la procédure des contrats de plan mais à un niveau global. Les « sectoriels » n’interviennent pas dans le détail. Dans le suivi du contrat de plan, les « sectoriels » ne suivent pas très précisément les dossiers.

L’Etat est bien pour Mme GLATRON l’acteur dominant de la procédure des contrats de plan. Pour elle, les collectivités territoriales ont un intérêt évident à investir dans l’enseignement supérieur pour des raisons de développement économique, de transfert de technologie et de formation d’un main-d’œuvre qualifiée. Elle insiste sur la nécessité croissante d’une autonomisation des universités et d’un transfert de compétence au niveau local. Elle pense cependant, « qu’une bonne réforme est une réforme applicable », elle ne pense pas que la réforme se fasse de façon prochaine. La compétition européenne est également vue comme une pression majeure sur les politiques universitaires. C’est donc sous la pression de l’Europe et de l’évolution économique que les collectivités territoriales investissent dans le développement universitaire.