Entretien avec Gilbert PUECH – Président de Lyon II depuis 2001 – 13 juillet 2004

L’entretien se déroule dans le bureau du président. Il dure 40 minutes.

Gilbert PUECH a été élu président de Lyon II en 2001. Alors que Bruno GELAS exerçait la présidence, il a été vice-président chargé de la recherche et des NTIC. Au cours de ce mandat (1996-2001), le président GELAS lui a demandé de suivre les dossiers immobiliers. Il les connaissait donc très bien au moment de son élection. C’est lui notamment qui a fait le plan de redéploiement des unités de Lyon II entre l’implantation en centre-ville (« Berges du Rhône ») et Bron-Parilly. C’est sous son mandat que se réalise les projets qui ont été négociés pendant le plan U3M. Il a ainsi beaucoup de chance. D’autres présidents ne verront aucune réalisation immobilière se réaliser sous leur mandat. Il s’attend par contre à une prolongation du contrat de plan, l’Etat ayant délivré très peu d’autorisation de programme en 2004 en raison des difficultés financières.

Le président PUECH est en contact avec Michel MERCIER, le président du Conseil général du Rhône (avec qui il dîne le soir même de l’entretien), Gérard COLLOMB pour la Communauté urbaine de Lyon et Anne-Marie COMPARINI pour la région Rhône-Alpes et le vice-président charge de l’enseignement supérieur, Charles PERSONNAZ. Il est en contact également avec les services du SGAR (Alain BLANCHARD). Paradoxalement, il ne cite pas le recteur. Nous lui posons donc la question de ces liens éventuels avec le rectorat. Le président PUECH précise qu’il y a trois cas de figures différents : le premier est celui d’une réalisation des travaux sous une maîtrise d’ouvrage « collectivités locales ». Le second est celui d’une maîtrise d’ouvrage « Etat ». Dans ce dernier cas, il est en contact avec le recteur d’académie et notamment les services de l’ingénieur régional conseiller technique du rectorat. La troisième catégorie d’intervention est celle où l’université intervient sur ses fonds propres ce qui, là encore, demande une coordination avec les services du rectorat d’académie dans le cadre de la validation technique des dossiers de construction. Il nous précise également qu’il peut avoir des contacts qui déborde ce cadre précis. Ainsi, le président de Lyon II a directement contacté le responsable de la restructuration immobilière des hôpitaux lyonnais. L’université Lumière est en effet intéressée par une implantation dans les locaux de l’ancien hôpital de l’Anticaille.

Le président PUECH est également en contact dans le cadre des opérations qui concernent les trois établissements avec les présidents des autres universités lyonnaises. Pour autant, chaque établissement constitue une entité propre. Dans le cadre de l’opération « Saint-Joseph » il est ainsi en relation avec le président de Lyon III. Le directeur de l’INSA et le président de Lyon I sont également liés dans le cadre d’opérations qui concernent les deux établissements à La Doua. Il note que pour le cas de la Manufacture des Tabacs la décision qui avait été prise (« à tort ou à raison ») de consacrer la majorité des crédits d’investissement à Lyon III a beaucoup retardé la rénovation des bâtiments de Lyon II. Lyon III n’a, de plus, pas libéré l’intégralité des bâtiments initialement prévus dans l’accord signé entre Pierre VIALLE et Eric FROMENT. Ainsi, les 2/3 du quadrilatère « Athéna » sont toujours occupés par l’université Lyon III. S’il ne reproche pas à l’université Lyon III de défendre ses intérêts, il commence à « sérieusement s’impatienter ». L’essentiel de la tâche d’un président dans les procédures immobilières est de faire mûrir les dossiers. Dans le cadre de l’opération Sain-Joseph, il tente de multiplier les contacts et de faire en sorte que l’ensemble des personnes « poussent dans le même sens ». S’il défend les intérêts de son établissement, le président PUECH travaille également « dans l’intérêt du site ».

Lyon a tardivement compris l’importance de l’université pour l’affirmation de la ville au niveau international. L’université est un élément décisif dans l’affirmation d’une métropole au niveau international : toutes les grandes villes d’Europe ont des universités importantes (Milan, Barcelone). A ce titre, le mandat de Michel Noir a marqué un tournant important et a permis une réhabilitation du rôle de l’université. L’implantation de l’ENS LSH sera, selon le président PUECH, rentabilisé en dix ans. Mais il y a un retard indiscutable par rapport à d’autres métropoles universitaires. Les universités sont de plus des employeurs importants. Lyon I est ainsi le premier employeur de la commune de Villeurbanne. Les universités donnent à la ville une image jeune et dynamique.

Le président PUECH ne porte pas de jugement sur le risque de la multiplication des tutelles avec l’investissement croissant des collectivités locales. (« C’est comme ça »). Il pense que cela est dû à une tradition française qui veut que l’on crée des structures sans jamais en supprimer. Pour lui, le gouvernement de l’université ne relève de toute façon pas des collectivités territoriales. S’il y a eu des tentations d’intervention, il les a immédiatement réfrénées et a mis très tôt les choses « au clair ». Si la municipalité de Bron a ainsi tenté d’intervenir pour ne pas que les cycles les plus prestigieux se délocalisent en centre-ville. Le projet de redéploiement relève de l’université et non des collectivités territoriales. .

Sur le transfert de compétences, le président PUECH ne se prononce pas. Il est cependant « très prudent sur la question des transferts de compétence » et de la décentralisation. Il remarque simplement qu’au début des années 1990, l’Etat n’avait certainement pas les moyens de faire face aux besoins seuls. L’association des collectivités territoriales a ainsi permis de régler le problème de la croissance démographique sous U2000. Il relève également les incertitudes qui entourent la poursuite de la procédure contrat de plan.