INTRODUCTION

Le Pays basque rural offrirait-il, parmi les sociétés en mouvement du second XIXe siècle, le modèle d'une France du retard et du refus du changement, enfermée dans son archaïsme économique et son isolement culturel ? Et le paysan basque attaché à la "maison" et aux traditions ancestrales serait-il l'archétype de ce petit propriétaire accroché à son sol, un temps tenu pour responsable des supposés blocages de la croissance française1 ? S'il est peu de sociétés rurales qui échappent à ce type d'interrogation, il en est peu aussi qui se soient vu attribuer comme ces pays coutumiers du Sud-Ouest de la France le redoutable statut de fossiles vivants. Figés dans leur singularité, privés d'histoire et d'historiens, ils semblent voués à l'alternative inexorable de la reproduction à l'identique ou du dépérissement.

Notes
1.

Sur ces supposés blocages et la "litanie des retards français", alimentée par les historiens des Trente Glorieuses, voir notamment les débats ouverts par : Patrick FRIDENSON et André STRAUS [dir], Le capitalisme français, 19e-20e siècle. Blocages et dynamismes d'une croissance, Paris, Fayard, 1987, 427 p. Gérard NOIRIEL, Le creuset français. Histoire de l'immigration. XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1988, 441 p. Jacques DUPAQUIER et Denis KESSLER dir, La société française au XIXe siècle. Tradition, transition, transformation, Paris, Fayard, 1992, 529 p.