Des activités étroitement imbriquées

Comme dans toutes les monographies de Le Play et de ses disciples, la section intitulée "Travaux exécutés par la famille" donne des indications précieuses sur la répartition du travail familial. La valeur attribuée à ce travail étant soit fictive lorsqu'il est traduit en "salaires", soit nulle, le seul équivalent commun à l'ensemble des activités de l'exploitation est le temps de travail, évalué en nombre de journées181.

On peut bien sûr douter de la fiabilité de ces évaluations difficilement vérifiables, que l'on ne peut comparer qu'aux autres monographies leplaysiennes182 : la source, unique, se révèle ici aussi fragile que précieuse. Le rapprochement avec les Melouga et les métayers du pays d'Orthe, choisis dans deux régions voisines, donne pourtant des résultats globalement concordants : les femmes comme les hommes consacrent à l'exploitation environ 300 jours par an.

L'enquêteur en revanche a probablement sous-estimé le travail des enfants d'une part, la participation des femmes aux travaux agricoles d'autre part. Il paraît peu vraisemblable que les deux enfants, qui fréquentent certes l'école, n'apportent aucune aide à leurs parents alors que les registres scolaires montrent un fort absentéisme lié aux travaux agricoles, même chez des enfants très jeunes et dans des familles aisées183. Si par ailleurs la santé fragile de la mère de famille semble la cantonner aux activités domestiques, sans doute l'estimation est-elle aussi biaisée par les partis pris d'un enquêteur trop enclin à inscrire au registre domestique l'ensemble des travaux féminins.

L'activité de l'exploitation en effet associe si étroitement les travaux domestiques, les cultures, l'élevage et les transports de marchandises que tout classement comporte nécessairement une part d'arbitraire : l'économie de l'entreprise se dissocie mal de l'économie domestique.

Notes
181.

Voir tableau 5 en annexe.

182.

Voir tableau 4 en annexe.

183.

Arch. com. Ascain : extraits des registres d'appel des écoles publiques. Nombre d'élèves de 6 à 13 ans ayant manqué l'école au moins quatre fois une demi-journée (1883-1898).

Voir aussi chapitre 2 : biographie d'Haranederrea.=