A un pôle, les activités domestiques occupent plus de la moitié du temps de travail familial184. C'est le domaine exclusif des femmes de la maison. Marie Etcheverry, sa belle-soeur et sa fille de seize ans ont en charge l'entretien du ménage : son alimentation, son habillement, et son logement. Elles vont chercher l'eau à la fontaine, préparent les repas, font cuire le pain dans le four domestique, fabriquent le beurre et le fromage, cousent ou tricotent les vêtements, blanchissent le linge. A 95 ans, la grand-mère les aide encore à filer le lin.
Presque entièrement destinées à la consommation domestique, ces activités sans équivalent monétaire ne peuvent être évaluées qu'en temps de travail. Aussi ne figurent-elles pas au budget, à l'exception de la fabrication des vêtements, et l'on peut être tenté comme l'enquêteur de les exclure de l'activité de l'exploitation. Or non seulement elles sont indispensables à la reproduction de la main d'oeuvre familiale, mais elles se distinguent souvent mal des travaux agricoles qu'elles prolongent : c'est le cas notamment de l'égrenage du maïs qui occupe les soirées d'hiver185, ou de la transformation en fromage de la production de la vache et des brebis186.
Voir tableau 5 en annexe : répartition du travail familial.
"Cet égrenage se fait à la main; mais on bat aussi le maïs en plaçant les épis sur des claies à rebords élevés et en les frappant avec des bâtons à coups redoublés". A titre de comparaison, l'égrenage d'une quantité à peu près équivalente de maïs à l'aide d'un dépiquoir nécessite 28 jours de travail en pays d'Orthe.
La soeur consacre 28 journées à la fabrication du fromage et du beurre. Ces travaux ont été décomptés parmi les travaux agricoles dans le tableau récapitulatif (tableau 5 en annexe).