Les transports

Destinés à la fois à l'engrais et au travail, les deux boeufs permettent aussi à l'exploitation de se livrer à une dernière activité fort lucrative : le transport de marchandises pour le compte de commerçants, notamment entre Bayonne et l'Espagne. Comme Jean Belescabiet qui y consacre 28 jours par an, de nombreux exploitants d'Ainhoa tirent ainsi profit de la situation de leur commune, à mi-chemin du port de Bayonne et du marché espagnol d'Elizondo : "ils conduisent à Bayonne les charbons des forêts voisines, les vins et les laines d'Espagne, et ils en ramènent des planches, de la chaux qu'on emploie pour amender les terres, et des céréales que le pays ne produit pas en assez grandes quantités".

Entre activités agricoles et non agricoles, la frontière se révèle à nouveau bien floue : la pluriactivité n'apparaît ici que comme un prolongement peut-être temporaire de l'élevage. De même la distinction entre économie agricole et économie domestique renvoie-t-elle davantage aux registres du masculin/féminin, extérieur/intérieur, qu'elle ne recoupe que partiellement, qu'à une illusoire séparation entre l'entreprise et le ménage. C'est qu'une grande part de la production agricole vise à l'autosubsistance du groupe domestique.