Une exploitation supérieure à la moyenne

L'exploitation en faire-valoir direct, qui couvre 27 hectares, se situe au-dessus de la moyenne par sa superficie. Mais l'utilisation de ses terres comme la composition de son cheptel et de son outillage la distinguent peu d'une exploitation trois fois plus petite comme Etcheederrea. Toutes deux réservent plus des 3/4 de leurs terres aux bois et aux pâtures, consacrent aux labours une place limitée, et pratiquent l'élevage ovin et bovin. Seules les différencient la taille du cheptel et l'importance relative des prés : ceux-ci occupent la moitié des six hectares de cultures d'Errecartia, qui élève 82 ovins, six bovins et une jument reproductrice. De même son outillage ne se distingue-t-il ni par sa valeur, estimée à 350 francs, ni par le coût de son entretien, mais par le nombre élevé de petits instruments à main : les 11 bêches et sarcloirs, 9 faux et faucilles, 20 râteaux, indiquent surtout l'utilisation d'une abondante main d'oeuvre210.

A chaque recensement, le groupe domestique comprend en effet sept à huit adultes. La main d'oeuvre familiale, souvent insuffisante, est complétée selon les étapes du cycle de vie familial par un ou plusieurs domestiques. En 1817, la maisonnée particulièrement nombreuse compte treize personnes : Marie Acheritogaray et Pierre Durrels qui ont déjà sept enfants cohabitent encore avec les parents de Marie, et emploient une vieille servante et un jeune domestique de vingt ans. A partir de 1848, l'exploitation est privée de sa main d'oeuvre masculine par les décès prématurés de Pierre Durrels puis de Pierre Ondicola. Marie-Louise Durrels et ses filles doivent alors faire appel à trois domestiques et un pasteur. La maisonnée compte encore sept à dix membres, auxquels s'ajoute l'appoint occasionnel des journaliers211.

Avec le décès de Marie Durrels, le noyau familial se réduit à trois personnes : sa fille unique Marie-Louise âgée de treize ans, sa mère âgée de 70 ans, et sa soeur Jeanne, célibataire. L'activité de l'exploitation repose donc désormais essentiellement sur le travail des domestiques, dirigés par le fils du tuteur nommé "premier domestique" par le conseil de famille212.

Notes
210.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8883 et 8887 : inventaires des 30 mai 1855 et 15 avril 1868. Arch. com. Hélette : matrices cadastrales.

La présence aux inventaires de planches à dépiquer ne distingue pas Errecartia des autres exploitations de la commune de Hélette, où le dépiquage est un procédé de battage courant.

211.

Arch. com. Hélette : état des habitants de 1817, listes nominatives de recensement de 1851, 1856 et 1861.

212.

Les listes nominatives de 1866 et 1872 ont malheureusement disparu. On ne connaît donc la composition du ménage à cette époque qu'à travers ce qu'en laissent deviner les comptes de tutelle et la liste nominative de 1876.