Une grande métairie

Grosse métairie de Beguios, dans le bas pays, Goyty se situe comme toutes les exploitations concurrentes au-dessus de la moyenne régionale par sa superficie comme par sa force de travail, mais reste une exploitation familiale. Elle compte en effet 27 hectares, dont près de la moitié sont mis en culture, exploités par la main d'oeuvre exclusivement familiale d'un ménage de treize personnes. C'est d'abord la qualité de la source qui a guidé le choix de cette exploitation : son dossier est un des plus complets et des plus cohérents de la série. Mais Goyty présente aussi le double intérêt d'être parmi les plus petites exploitations candidates, et de nous introduire à un cas de figure très répandu mais sur lequel nous ne disposons que de trop rares sources : l'exploitation en métayage.

Le contrat de métayage fait du propriétaire bien plus qu'un simple bailleur : il est "le maître", celui qui dirige les travaux, tient la comptabilité, présente l'exploitation au concours. Outre les terres, il possède d'ailleurs la moitié du gros bétail : bovins, ovins et chevaux. L'autre moitié est la propriété du métayer, ainsi que la totalité de l'outillage agricole et du mobilier.

Propriétaire et métayer se partagent la plupart des recettes et des dépenses de fonctionnement. Le propriétaire participe pour moitié aux achats d'engrais, de graines fourragères, de même qu'aux contributions et aux frais d'assurance. Le partage se fait aussi à mi-fruit pour les récoltes et le bénéfice sur le gros bétail : n'y échappent que les produits de la basse-cour227. Le métayer doit en outre à son maître des prestations en transports gratuits.

Aussi le système du métayage ne laisse-t-il au métayer qu'une faible marge d'initiative. Toute innovation suppose l'accord et la participation du propriétaire. Mais bien des propriétaires se contentent d'exercer une surveillance tatillonne et de prélever la rente de leurs métairies, souvent mal entretenues. A l'inverse, les propriétaires dénoncent souvent l'inertie des métayers, qui n'ont aucun intérêt à investir dans des exploitations dont la moitié des fruits leur échappent, et dont ils ne sont par ailleurs que les occupants précaires. Aussi le système favorise-t-il généralement l'immobilisme.

Notes
227.

Le partage à mi-fruit est la règle générale pour les cultures et le gros bétail : il est pratiqué par toutes les métairies candidates au concours. Quelques productions font parfois exception : le métayer garde dans certains cas les 2/3 du maïs, tandis que le propriétaire peut bénéficier seul des produits de la vigne ou du verger.