Conclusions : souplesse de l'économie paysanne

"Autrefois les paysans payaient leurs petites dettes avec le prix du froment; ils consommaient leur maïs et les produits de l'élevage leur permettaient, non de faire des économies, mais d'entretenir la famille dans une aisance relative"233. Les comptes d'Etcheederrea, d'Errecartia et de Goyty autorisent à accorder quelque crédit à ce discours nostalgique destiné à alimenter une violente campagne antirépublicaine. Si la prospérité perdue ne fut sans doute que celle d'une génération, passé le temps des disettes récurrentes, la petite exploitation a su en effet trouver dans cette combinaison de l'autoconsommation et du commerce des bestiaux équilibre et stabilité. Mais c'est paradoxalement lorsque s'effondrent les cours des céréales, puis les cours du bétail, que se manifestent le plus clairement ses capacités de résistance : la ruine annoncée de l'agriculture française n'a pas eu lieu.

Notes
233.

Le Journal de Saint-Palais, 24 janvier 1897.

Créé en 1884, cet hebdomadaireest le premier journal du Pays basque intérieur. En 1896-98, il accorde une grande place à la chute des cours, et mène une violente campagne de défense du monde paysan contre Méline, "échantillon le plus typique de la race parlementaire" (27 janvier 1897), responsable à ses yeux de "la ruine de l'agriculture française" (éditorial du 16 janvier 1898).