Le démantèlement de Landartia

En 1861, Pierre Elgart et Marie Urgorry ont repris l'exploitation de Lekheroa. Quinze ans après leur mariage, ils sont endettés mais presque entièrement propriétaires de la maison. Marie ne doit plus que 100 francs pour ses droits maternels, acquittés en 1863409. A la faveur du déclin de la maison voisine et parente de Landartia, ils peuvent désormais entreprendre l'agrandissement de leur domaine.

Landartia est la maison natale de Laurent Urgorry, le père de Marie. Comme Lekheroa, la maison est depuis longtemps dans l'indivision. Elle abrite deux ménages de journalières, veuves ou célibataires : deux tantes et une grand-tante de Marie Urgorry, et sa cousine Jeanne Eliçalde. Les dettes s'accumulent, et les cinq femmes doivent peu à peu se défaire de leurs terres. Les pâtures sont vendues les premières, à divers exploitants de Hélette ou de la commune limitrophe d'Irissarry410. Mais lorsque vient le tour des terres cultivées, coeur inaliénable du domaine, la préférence va aux parents et alliés.

En 1847 déjà, le premier pré vendu était revenu à Pierre Salaberry, l'oncle de Marie Urgorry, dont l'intention probable était alors d'arrondir le domaine de sa nièce. En 1857, c'est encore vers leur nièce et cousine que se tournent Jeanne Urgorry et sa fille. L'arrangement trouvé atteste à la fois une préférence familiale et sans doute une stratégie foncière à long terme. Marie Urgorry et Pierre Elgart, toujours sandalier, ne disposent pas en effet de la somme nécessaire, et sont déjà lourdement endettés. C'est donc en commun que les cousines empruntent 1 000 francs à Pierre Larre, médecin et propriétaire à Hélette, déjà créancier des deux maisons, et hypothèquent tous leurs biens411. Grâce aux 600 francs qui leur reviennent, Pierre Elgart et Marie Urgorry deviennent propriétaires, à crédit, de deux parcelles en pré et labour de Landartia412. Dix-sept ans plus tard, ils s'acquittent de la totalité de la dette de 1 000 francs et reçoivent à nouveau, pour le prix des 400 francs empruntés par leurs cousines en 1857, trois nouvelles parcelles de Landartia413.

Notes
409.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8886 : quittance du 21 février 1863.

410.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8881 et 8883 : ventes des 23 février 1850 et 11 février 1854.

411.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8884 : obligation du 2 novembre 1857.

412.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8884 : vente du 6 novembre 1857.

413.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 18042 : vente du 7 février et quittance du 21 mars 1874.