Ansorloa pourtant n'est pas épargnée par les accidents de la vie, qui rendent problématique la transmission de l'exploitation437. En 1852, Pierre Mauléo perd sa jeune épouse, qui meurt en couches à 29 ans438. En l'absence de contrat de mariage, il n'a aucun droit sur la propriété de ses beaux-parents : il leur laisse son fils âgé d'un an, et retourne dans sa maison natale avec ses deux filles. En 1856, le groupe domestique comprend ainsi neuf personnes appartenant à trois générations : Jean Mauléo et Marie Salaberry, âgés de plus de 70 ans; leur fille, leur gendre et leur fils aîné; Pierre et ses filles; leur plus jeune fils enfin, encore célibataire. Malgré un probable contrôle des naissances, il s'agrandit encore en 1860 avec l'arrivée de Jean-Pierre Teillary, second fils de Marianne.
La succession reste en suspens jusqu'au décès de la mère en 1868. Le fils aîné semble avoir repris sa place dans la hiérarchie familiale, et représente la maison au conseil municipal à partir de 1855. Sa soeur Marianne, puis son frère célibataire, disparaissent en peu de temps, en 1864 et 1866. En 1868, il est le seul à survivre à sa mère. Son beau-frère n'est toujours propriétaire que de ses biens personnels, mais Marianne lui a laissé deux fils.
C'est à nouveau par un contrat verbal que se règle la succession. En 1872, Pierre Mauléo s'est installé à Bargainenea, tandis que Christophe Teillary, remarié en 1869, prend la succession d'Ansorloa, et remplace son beau-frère au conseil municipal à partir de 1876439. Dix ans plus tard, par un acte sous seing privé, Pierre Mauléo partage par moitié la propriété avec ses neveux qui gardent Ansorloa en indivision, mais doivent se défaire de Marimartinenea et de Bargainenea440.
Après la mort de leur père en 1885, les deux frères procèdent à nouveau à un partage de la propriété : au cadastre, chacune des parcelles est divisée en deux. La propriété apparaît alors morcelée à l'extrême : Jean et Jean-Pierre Teillary possèdent chacun environ un hectare, tandis que les biens de leur père, dont leur belle-mère a gardé l'usufruit, restent indivis441. Mais le morcellement de la propriété n'est pas celui de l'exploitation. Jean Teillary, qui s'est engagé en 1876 dans l'artillerie de marine, avant de devenir douanier puis gendarme, ne réside pas dans la commune et n'exploite évidemment pas ses demi-parcelles442. C'est son frère qui a pris la succession, cohabite à Ansorloa avec sa belle-mère443, et s'y marie avec, pour la première fois, un contrat écrit444. Il achète à des voisins un petit labour, puis une pâture qu'il convertit en pré, et rassemble sous son nom l'ensemble de la propriété après le décès de sa belle-mère en 1908 : il possède alors près de six hectares, en grande partie cultivés en prés et en labours.
Voir arbre généalogique en annexe (11).
Arch. com. Ascain : registres des naissances et des décès.
Arch. com. Ascain : liste nominative de recensement de 1872, registres des mariages et registres des délibérations municipales.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15641 : dépôt du 16 avril 1892. Arch. com. Ascain : matrices cadastrales.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15634 : testament du 2 août 1885. Arch. com. Ascain : matrices cadastrales.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques 1R / 415 à 865 : registres matricules de recrutement.
Arch. com. Ascain : listes nominatives de recensement.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15642 : contrat de mariage du 22 décembre 1893.