Conclusions : la part de l'héritage

Domination du système à maison

La maison apparaît bien en effet comme la "valeur des valeurs, par rapport à laquelle tout le système s'organise"447. La transmission intégrale du domaine patrimonial à un héritier et successeur unique, idéal réalisé par la moitié des successions448, est une pratique dominante que ne viennent concurrencer ni celle du partage ni celle de l'indivision. Le partage de l'exploitation est rare, toujours inégalitaire, et généralement fictif. Si quelque parcelle doit parfois être cédée à un cadet à titre d'indemnité, le partage de la propriété n'entraîne pas celui de l'exploitation et n'est souvent qu'un provisoire pis-aller : Jean Teillary, gendarme en Avignon, laisse par exemple à son frère l'exploitation des demi-parcelles d'Ansorloa dont il est propriétaire. Par achat ou par héritage, l'intégrité du patrimoine est restaurée à la génération suivante. A Chetabebaïta comme à Izotxaguerrea, seule l'acquisition d'une deuxième exploitation, sorte d'apanage remis à un cadet, rend possible l'établissement de plusieurs successeurs sans porter atteinte à la continuité de la maison. L'indivision, qui n'est guère plus pratiquée, apparaît également comme un pis-aller. Ne restent durablement indivises que quelques exploitations déclinantes comme Landartia, dont une fratrie de célibataires perpétue provisoirement l'activité, ou des maisons dont les héritiers potentiels ont disparu aux Amériques, finalement mises aux enchères et rachetées par le successeur effectif449.

Notes
447.

Pierre BOURDIEU, "Célibat et condition paysanne", article cité, p.50.

448.

De 1800 à 1915, toutes générations confondues, c'est le cas de 40% des successions des propriétaires-exploitants à Ascain, et 60% à Hélette. Rapportée aux seules successions familiales, la proportion passe à 2/3 à Ascain, et 3/4 à Hélette.

Voir tableau 13 en annexe : types de successions (1800-1915).

449.

Sans nouvelles de deux de ses frères "présumés disparus", Gracieuse Berho obtient ainsi en 1885 la liquidation et le partage de la propriété d'Alcirun à Ascain, restée indivise depuis 1859. La vente judiciaire, en un seul lot, lui permet d'en devenir seule propriétaire avec l'accord des cohéritiers présents.

Arch. com. Ascain : notification du jugement du 18 octobre 1887 à Dominique Berho gendre Berterreche et Françoise Berho épouse Hiribarren.