Trois ans plus tard, les difficultés de la maison Errecartia offrent une nouvelle occasion d'agrandissement. Errecartia, propriétaire de 56 hectares, est une des "bonnes maisons" de la commune, mais vit depuis longtemps au-dessus de ses moyens592. Contrainte de rembourser rapidement une vieille dette593, elle doit mettre en vente en 1848 l'une de ses deux métairies, Ipharraguerria, qui touche aux terres de Sansoenea. Or les acheteurs sont peu nombreux en cette période de crise agricole594. Jean Larteguy bénéficie cette fois d'une conjoncture défavorable, et peut acheter à un prix particulièrement bas la totalité de la métairie595, dont la plus grande partie est rattachée à son exploitation596. La crise passée, il doit payer cinq fois plus cher deux minuscules parcelles enclavées dans la métairie, propriété du vétérinaire Franchisteguy597.

Notes
592.

Voir chapitre 3 : les comptes de tutelle d'Errecartia.

593.

Cette dette de 4 200 francs court depuis 1830. C'est sans doute le départ pour Montevideo d'un des héritiers de la créance qui en a précipité le remboursement. Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8881 : quittance du 9 juillet 1848.

594.

Comme partout, "l'agriculture est en souffrance", constate l'enquête de 1848. La crise industrielle et agricole qui sévit depuis 1846 nuit au marché foncier : devant la difficulté à trouver des acheteurs, on voit ainsi s'effondrer en 1848 la valeur de la terre dans la région alpine. Arch. nat. C 962 : enquête industrielle et agricole de 1848. Basses-Pyrénées. Philippe VIGIER, Essai sur la répartition de la propriété foncière dans la région alpine, ouvrage cité, pp. 210-214.

595.

Les dix hectares d'Ipharraguerria, dont près de quatre sont cultivés, se vendent 5 600 francs, soit 560 francs l'hectare. Or le prix moyen des exploitations de Hélette pour la période 1835-1859 est trois fois plus élevé. (Voir tableaux 20 à 24 en annexe : le prix de la terre). Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8942 : vente du 20 mai 1848.

596.

Les listes nominatives de recensement indiquent qu'Ipharraguerria est occupée par des métayers. Mais les ménages recensés, instables et peu nombreux, ne disposent pas d'une main d'oeuvre suffisante pour assurer l'exploitation de la métairie. La déclaration de succession de Marie Haran par ailleurs présente la propriété comme "formant un seul corps de domaine". Arch. dép. Pyrénées Atlantiques 269-Q-1 à 46 : mutation par décès du 3 octobre 1884.

597.

"Une contenance de terre de 18 ares qui se trouve en jardin, pré, terre vague avec quatre châtaigniers le tout exploité par le métayer de la maison qui fait l'objet de cette vente est en dehors de cette vente, attendu que cette contenance de terre appartient à sieur Bernard Franchisteguy vétérinaire propriétaire de la maison Chistela", précisait l'acte de vente de 1848. En 1853, Jean Larteguy doit débourser 500 francs pour l'achat de ces 18 ares, dont le vendeur se réserve encore les quatre pieds de châtaigniers et un cerisier. Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 8942 et 8882 : ventes des 20 mai 1848 et 16 janvier 1853.