L'occasion suivante est offerte par le démantèlement de la métairie d'Erraya, proche de ses pâtures619. Jean Larteguy semble hésiter : Erraya ne touche pas à ses terres, peut-être aussi ses propriétaires, qui profitent d'une forte demande pour la vendre par portions de parcelles, en demandent-ils un prix trop élevé. Le premier acquéreur est un fabricant d'espadrilles, en 1859, suivi en 1861 par un maçon et un aubergiste, puis un épicier. Le plus beau pré est vendu à un voisin près de 4 000 francs l'hectare, un prix exorbitant. Jean Larteguy est parmi les derniers à se décider : pour 1 750 francs, il achète en 1862 la maison et 62 ares de pré et de labours attenant, enclavés au milieu des terres des autres acquéreurs, ainsi qu'une grande pâture. La logique de cet achat n'est pas évidente, et tient sans doute davantage du pari que de l'opération spéculative : Jean Larteguy pouvait nourrir l'espoir, en rachetant peu à peu les trop petites parcelles des artisans, de réunir un jour Erraya à ses pâtures pour poursuivre le remembrement de son exploitation. Espoir déçu : les parcelles convoitées circulent dans le marché clos du groupe des artisans, et se concentrent entre les mains d'un boucher et d'un forgeron. Jean Larteguy renonce et revend Erraya à un tanneur en 1876, avec une considérable plus-value620.

Notes
619.

Voir chapitre 2 : Erraya, une métairie démantelée.

620.

La maison et les parcelles cultivées sont vendues 3 800 francs, mais Larteguy se réserve la pâture. La plus-value est donc de l'ordre de 140 %. Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 18042 : vente du 22 avril 1876.