Peu portées vers les investissements fonciers, les deux premières générations commencent pourtant à faire l'acquisition de quelques parcelles. Lors de l'établissement du cadastre en 1832, Marihaurrenea compte 1,2 hectare. Les terres sont chères aux alentours de la place. Aux deux minuscules labours proches de la maison (27 ares), peut-être acquis avec elle, Pierre Teilletche et Marie Baratceart ont ajouté une parcelle éloignée (39 ares)699 mais, à l'issue de cette génération, la micro-exploitation est toujours dépourvue d'attelage700. Leur fils Joachim épouse en 1825 Marie Elissalde, fille d'un propriétaire-exploitant relativement aisé, qui apporte 1 700 francs en numéraire701. Une partie de la dot sert l'année suivante à l'achat de deux autres petites parcelles isolées de la maison : 50 ares en pré et labour, payés 400 francs702.
C'est sans doute par choix plus que par nécessité que cette génération s'arrête à cette petite acquisition. Le dédommagement des deux cadets en effet est loin d'épuiser la dot de Marie Elissalde. Pierre Teilletche et Catherine Baratceart "ayant un grand âge, une mauvaise santé, et voulant d'ailleurs prévenir toutes dissensions après leur mort", procèdent en 1839 à un partage anticipé entre leurs trois enfants703. Jean, marié sans contrat en 1834, se voit attribuer un bien provenant de son oncle paternel à Urrugne. Seule Francisca, également mariée sans contrat en 1832, reçoit de ses frères une part en argent. Joachim lui verse 500 des 1 700 francs apportés par sa femme.
A l'investissement foncier, les cordonniers de Marihaurrenea préfèrent jusqu'au milieu du siècle la formule plus souple du bail à antichrèse. En 1804, Pierre Teilletche et Catherine Baratceart prêtent 400 francs à une veuve en échange d'un pré pour leur vache. Bien que la parcelle engagée change de mains après la mort de sa propriétaire, ils en gardent la jouissance pendant vingt ans, jusqu'au remboursement de la dette704. En 1850, c'est un petit propriétaire gabarrier qui cède à Joachim Teilletche, pour 240 francs, la jouissance d'une parcelle isolée issue d'un partage : "jusqu'au remboursement effectif du montant de la présente obligation les débiteurs solidaires abandonnent à titre d'antichrèse en paiement des intérêts de ladite somme de 240 francs, au créancier qui l'accepte l'usufruit et la jouissance" de près d'un hectare en pré et labour qui vient provisoirement agrandir l'exploitation705.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15596 : partage du 2 avril 1839.
Arch. com. Ascain : état du nombre de voitures existantes dans la commune d'Ascain en 1823.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15581 : vente de droits et mariage du 8 juin 1825.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15582 : vente du 30 janvier 1826. 247-Q-1 à 11 : mutation par décès du 1er décembre 1829.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15596 : partage du 2 avril 1839.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15580 : quittance du 7 mai 1824.
Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 17553 : obligation et bail à antichrèse du 18 janvier 1850.