Quelles sont, du point de vue de l'exploitation, les implications de ce type de rapport social entre un propriétaire généralement présent sur ses terres et un métayer dépendant ? Les sources sont assez rares à cet égard. Le métayage appartient au domaine de l'oralité et a laissé aussi peu de traces dans les archives de la justice que dans les minutes notariales. Les métayers, à la fois démunis et soucieux de leur réputation, osent rarement faire appel au juge774. Les sources judiciaires en outre sont biaisées par le fait que les rares conflits qui parviennent jusqu'au juge sont le fait de propriétaires abusifs ou particulièrement procéduriers. La règle est, comme toujours, mieux connue que la pratique.
Comme la plupart des petits exploitants, les métayers parlent rarement le français, langue de la justice. Devant le juge, les métayers se montrent avant tout sensibles au préjudice moral que pourraient leur causer les accusations portées par les propriétaires. Ainsi, dans sa défense, un métayer auquel son propriétaire réclame abusivement la somme considérable de 468 francs s'attache-t-il avant tout à nier la "soustraction d'un sac de soude nitraté" dont la valeur ne dépasse pas 1,50 franc : c'est l'honnêteté de sa famille qui est en cause, et donc ses chances de trouver une autre métairie. Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques 4U 33/15 : affaire du 29 décembre 1895.