Une grande propriété nobiliaire

François-Louis de Larralde Diusteguy, vicomte d'Urtubie, est en 1832 le plus grand propriétaire d'Ascain : 69 hectares, dont les 46 hectares du domaine de Vignemont et de ses cinq métairies. Descendant d'une dynastie d'armateurs de Ciboure dont les biens ont été anoblis en 1770, marié depuis 1819 à Maria Antonia de Pollo Y Sagasti, fille du maire de Saint-Sébastien, il est parent et allié de la plupart des familles de la noblesse locale revenue aux affaires802.

Il a reçu en héritage des terres à Ascain, Ciboure et Urrugne qu'il entreprend d'agrandir dans les années 1820. A Ascain, il achète en 1825 la métairie de Loyaetcheberria803, complétée par une borde en 1826, puis un pré et deux labours en 1827804. C'est en 1830 qu'il devient propriétaire du domaine de Vignemont, avec l'ensemble des terres de son cousin éloigné, le marquis Pierre Eloi de Lalande : pour 250 000 francs qu'il versera aux créanciers, il lui achète le domaine de Fagosse à Saint-Jean-de-Luz, et surtout le château d'Urtubie avec ses dépendances à Urrugne et Ascain805. Châtelain d'Urtubie, il réside désormais sur ses terres à Urrugne dont il devient conseiller municipal, puis représente le canton au Conseil général des Basses-Pyrénées de 1833 à 1848.

Ses métairies d'Ascain ne représentent qu'une petite part de sa fortune immobilière. Ses propriétés s'étendent sur cinq communes, et couvrent quelques 600 hectares lors de l'établissement du cadastre806. A son décès en 1858, il laisse à ses quatre enfants 37 métairies, un moulin, des bois, et six immeubles urbains à Saint-Jean-de-Luz et à Ciboure. Les domaines ruraux constituent près des 3/4 de sa fortune, qui s'élève à plus de 550 000 francs807. Les deux titres de rente sur l'Etat et les huit actions du Pont de Bordeaux n'y tiennent qu'une très faible place (5 %). Ses biens mobiliers consistent surtout en prêts hypothécaires, d'un montant de 118 000 francs, placés par les notaires de Saint-Jean-de-Luz dans les communes environnantes : six exploitants d'Ascain figurent ainsi parmi ses nombreux débiteurs, pour des sommes de 300 à 2 000 francs.

Après le décès de leur mère en 1861, ses quatre héritiers se partagent les biens de leur père808. Deux métairies d'Ascain reviennent à Marie-Gabrielle, épouse de Jules Labat, maire de Bayonne, et un moulin à son frère Henry. C'est Alexandre, procureur impérial auprès du tribunal de Bayonne, qui hérite du château d'Urtubie et de ses dépendances, dont fait partie le domaine de Vignemont. Depuis son acquisition en 1830, celui-ci ne s'est agrandi que d'un minuscule pré de six ares cédé par un petit propriétaire endetté809.

Notes
802.

Henri LAMANT-DUHART, "Les seigneurs d'Urtubie", Urrugne, Saint-Jean-de-Luz, Ekaïna, 1989, pp. 84-88.

803.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15581 : vente du 8 février 1825.

804.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques 249-Q-2 : table des acquéreurs (1825-1831).

805.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15586 : vente du 14 mai 1830.

806.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques 3P-2 : Ascain, Ciboure, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pée-sur-Nivelle, Urrugne.

807.

Cette évaluation ne concerne pas la totalité de ses biens fonciers, dont une partie se trouve hors du ressort du bureau d'enregistrement de Saint-Jean-de-Luz. Il faut y ajouter notamment les 150 hectares qu'il possède à Saint-Pée-sur-Nivelle. Archives de l'enregistrement. Bureau de Saint-Jean-de-Luz : mutation par décès du 20 décembre 1858.

808.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 15611 : notoriété du 3 janvier et partage du 7 juin 1862.

809.

Arch. dép. Pyrénées Atlantiques III-E 17554 : vente du 27 octobre 1851.