1. Portrait de groupe avec machines

Ils sont dix-huit, candidats au concours départemental d'agriculture de 1905. Six se présentent pour une spécialité, irrigation ou plantation de vignes, douze présentent l'ensemble de leur domaine au concours créé par le conseil général en 1862987. Vivement critiqué pour son "esprit aristocratique" dans les premières années de la République, ce concours n'attire guère les petits exploitants988. D'année en année, les candidats sont souvent les mêmes. Ce sont des exploitations des collines du bas-pays et des vallées, d'une taille supérieure à la moyenne, qui se distinguent par leur dynamisme et leurs capacités d'investissement : en 1905, elles cultivent en moyenne une quinzaine d'hectares989.

Ces exploitations modèles sont partout présentes, sauf peut-être dans les communes les plus montagnardes : en 1905, dix des quatorze cantons basques sont représentés par un candidat au moins990. Toutes restent par ailleurs des exploitations familiales, en faire-valoir direct ou en métayage, et ne se distinguent pas à cet égard de la masse des exploitations. Aussi les efforts ostensibles de ces pionniers, certes exceptionnels par leur ampleur, peuvent-ils contribuer à éclairer les grandes tendances d'un changement agricole souvent discret, parfois invisible.

Notes
987.

Arch. nat. F10 / 1779. Concours départemental d'agriculture, Basses-Pyrénées, 1905.

988.

"L'institution de concours pour les exploitations rurales n'a pas répondu aux espérances qu'elle avait fait naître. Les petits propriétaires qui sont les plus nombreux, et de l'instruction desquels il faut surtout s'occuper, ne peuvent y prendre part […] Que se passe-t-il au concours des domaines? Un riche propriétaire, qui peut appliquer de grand capitaux à sa culture, expose aux regards les résultats d'une exploitation dont il ne dit pas ce qu'ils lui ont coûté, et reçoit une récompense moins de son habileté que de son luxe, tandis que le petit cultivateur, hors d'état de mettre en lumière par de suffisantes dépenses les efforts de son travail intelligent, passe inaperçu aux yeux des juges". Ces critiques de l'élu du canton de Pau-est, qui propose en 1871 la suppression du concours, n'emportent pas l'adhésion de la majorité du Conseil général qui prône la vertu de l'exemple : "pense-t-on que le petit cultivateur puisse entrer par lui-même dans la voie des améliorations, s'il n'a pas sous les yeux l'exemple d'un propriétaire plus riche que lui et dont l'exploitation puisse lui servir d'exemple?" A partir de 1872, le concours s'ouvre toutefois à la "petite culture" de moins de huit hectares, à laquelle est affectée la moitié de la subvention de 1800 francs. Mais les concurrents sont peu nombreux dans cette catégorie. En 1880, il ne s'en présente même aucun dans l'arrondissement de Bayonne. Arch. nat. AD-XIXi-1/Basses-Pyrénées : délibérations du Conseil général (sessions de 1871 à 1880).

989.

Voir chapitre 3 : le dossier de concours de Goyty, et tableaux en annexe (Concours d'agriculture départemental de 1905 : composition des dossiers; résultats des exploitations).

990.

Les quatre cantons de Bayonne est, Bayonne nord-ouest, Ustaritz et Mauléon sont les seuls absents de ce concours.